Sam Altman à San Francisco, le 16 novembre 2023.
7 000 milliards de dollars. 1 000 de plus que la valeur en bourse combinée des entreprises les plus cotées, Apple et Microsoft. Et plus de deux fois le PIB de la France. C’est la somme mirobolante que demanderait le projet de Sam Altman, le dirigeant d’OpenAI qui se fait le fer de lance d’une vaste initiative de création d’usines de semi-conducteurs, selon des estimations recueillies par le Wall Street Journal. Le ponte de la tech se serait déjà entretenu avec de potentiels investisseurs.
Le patron de l’entreprise spécialisée dans l’IA aurait mentionné à plusieurs acteurs du milieu l’idée de construire des dizaines d’usines de fabrication de puces dans les prochaines années, afin de pallier la pénurie qui frappe cette technologie. Car sans semi-conducteurs, pas d’intelligence artificielle. Problème : voitures, téléviseurs, cafetières, cette technologie est partout, et en très grand nombre. Si bien que la filière peine déjà à tenir la cadence et alimenter l’intégralité des appareils concernés. Le tout alors que la quantité de données nécessaire pour former un système d’IA de pointe connaît une croissance exponentielle – et nécessite donc des semi-conducteurs toujours plus nombreux et avancés.
Les discussions auraient plus largement porté «autour du développement de l’infrastructure mondiale et des chaînes d’approvisionnement pour les puces, l’énergie et les data centers», selon une porte-parole de l’entreprise interrogée par le Wall Street Journal. Parmi les interlocuteurs d’Altman, des investisseurs, comme les hauts représentants du gouvernement des Emirats arabes unis, ou le directeur général du groupe japonais SoftBank, Masayoshi Son. Mais aussi des représentants de l’industrie, avec le géant taïwanais Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), selon le Wall Street Journal.
Une IA aussi gourmande que lucrative
Les fonds en provenance d’investisseurs du Proche-Orient mèneraient à la mise en place de nouvelles usines et leur exploitation par la TSMC, sans qu’OpenAI ne se retrouve nécessairement au centre de l’équation. Alors quel intérêt pour Altman ? Permettre à l’entreprise à la tête de ChatGPT de dépasser certaines contraintes actuelles du milieu. L’initiative permettrait de booster un secteur de l’intelligence artificielle déjà en plein essor en résolvant la pénurie de puces informatiques. En 2023, l’IA générative pesait 42 milliards d’euros de chiffre d’affaires mondial en 2023, soit le double de 2022. Les ventes de puces auraient quant à elles représenté 527 milliards de dollars en 2023, et devraient atteindre les 1 000 milliards annuels d’ici à 2030.
Plusieurs pays ont déjà dévoilé des plans pour soutenir la production de puces sur leur territoire, à l’instar de la Chine et de ses 30 milliards injectés à Huawei pour la création d’usines de semi-conducteurs en 2023. Un investissement presque modeste face à celui envisagé par Altman. Pour le moment, l’industrie reste largement dominée par quelques entreprises, comme TSMC et l’américain Nvidia, qui se partagent un marché très juteux dans lequel peinent à s’immiscer de nouveaux rivaux. Une situation dont n’a pas manqué de se saisir l’Autorité de la concurrence.
L’intelligence artificielle est pour beaucoup considérée comme une révolution digne de celle d’internet. L’IA générative permet de produire textes, lignes de codes, images et sons sur simple requête en langage courant. Et comme internet avant elle, utilisée à mauvais escient, elle a de quoi susciter l’inquiétude : menace pour certains emplois, deepfakes à caractère sexuel, désinformation – notamment en temps d’élection.
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