"Pas un bon signal": des députés macronistes "inquiets" après la "pause" du plan contre les pesticides

L’annonce de Gabriel Attal de vouloir mettre un coup de frein à la baisse de l’usage des produits phytosanitaires passe mal dans une partie de la majorité présidentielle.

Une série de mesures qui permet de sortir pour l’instant de la crise agricole mais à quel prix? C’est la question que se pose une partie de la macronie après l’annonce de Gabriel Attal de vouloir faire une pause dans le plan de réduction des pesticides. Des députés de la majorité s’alarment d’un recul sur les questions écologiques dans les prochains mois.

Gabriel Attal à Montastruc-de-Salies le 26 janvier 2024

“Nous sommes assez inquiets. Ce n’est pas un retour en arrière mais le signal envoyé n’est pas très bon à un moment où on doit plus que jamais préserver nos nappes phréatiques et notre biodiversité”, avance la députée apparentée Renaissance Cécile Rilhac auprès de BFMTV.com.

“Les revendications des agriculteurs portaient peu sur les pesticides”

Lors d’une troisième salve d’annonce pour tenter de désamorcer la colère des agriculteurs, le Premier ministre a expliqué vouloir mettre en “pause” le plan Ecophyto. Prévu pour être présenté au mois de janvier, ce dispositif visait à réduire de 50% les usages de pesticides d’ici à 2030 par rapport à la période 2015-2017.

La mesure a été saluée par la FNSEA et tout particulièrement les exploitants de grandes cultures, particulièrement bien représentés au sein du sydicat. Elle ne faisait cependant pas partie des revendications de la Coordination rurale ou de la Confédération paysanne.

Dans la foulée, probablement conscient du symbole, Marc Fesneau propose aux députés macronistes d’échanger sur les annonces. Sans convaincre tous les participants.

“Ce n’est pas un bon signal. On doit bien sûr soutenir nos agriculteurs mais leurs revendications portaient sur leurs revenus et très peu sur la question des pesticides”, regrette un élu Renaissance.

Un retour en force des pesticides

“On a beaucoup avancé sur le sujet des pesticides ces dernières années et là on donne l’impression que ce n’est plus si important que ça”, s’agace encore ce parlementaire.

Parmi les inquiétudes que pointent les macronistes désappointés, la question de la santé publique est au cœur des discussions. Un rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les pesticides pointe notamment “les risques sanitaires pour l’homme qui peuvent être directs”, notamment pour les agriculteurs ou “indirects via l’alimentation, l’eau ou l’air”.

Si le recours aux phytosanitaire a fortement baissé ces dix dernières années, il est reparti à la hausse depuis la guerre en Ukraine. Ce chiffre a augmenté en 2022 de près de 3,5% par rapport à 2021.

“Le monde a changé ces dernières années sur la souveraineté alimentaire. On s’impose des réglementations qui ne sont respectées par personne d’autre. C’est intenable”, avance le député Stéphane Travert, ancien ministre de l’Agriculture.

“On fait plutôt bien mais comme d’autres”

La France reste en réalité dans la moyenne des pays européens en terme d’utilisation de produits phytosanitaires. En 2021, la France en utilise en moyenne par hectare 3,67kg, un chiffre proche de celui de la Pologne, des pays baltes ou encore de la Suède, d’après la Commission européenne.

Mais plusieurs pays voisins de l’Hexagone en utilisent nettement plus que les agriculteurs Français, comme la Belgique, l’Espagne ou le Portugal.

“Il faut relativiser cet argument du ‘on fait mieux’ que les autres. On fait plutôt bien sur les pesticides mais comme d’autres. La question des pesticides n’explique pas à elle seule le fait que les agriculteurs soient en difficulté”, avance la députée Cécile Rilhac.

Autre point abordé par Gabriel Attal qui a inquiété dans les rangs de sa majorité: la fin d’une promesse d’Emmanuel Macron qui revendiquait d’interdire certaines substances phytosanitaires d’abord en France avant de défendre le dossier au niveau européen.

“Mettre la clef sous la porte”

Évoquant le cas de l’Agence nationale de sécurité alimentaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) chargé de l’évaluation et de la réglementation des pesticides, Gabriel Attal a annoncé “vouloir mettre fin” au fait qu’elle se prononce avant la Commission européenne sur la dangerosité de certains pesticides.

Très loin du candidat Emmanuel Macron qui avait promis en 2017 d’interdire en France “dans les trois ans”, le glyphosate, un herbicide controversé. Le chef de l’État avait finalement reconnu avec le recul “ne pas avoir réussi” à l’interdire.

“Certains agriculteurs m’ont dit que si on les obligeait à sortir rapidement, ils allaient mettre la clé sous la porte, parce que leurs concurrents espagnols ou italiens, eux, pouvaient continuer à produire”, expliquait Emmanuel Macron en janvier 2022 au Parisien.

“Macron à l’avant-garde sur les pesticides, c’est fini”

La France s’est même abstenue lors d’un vote à l’automne dernier sur la prolongation de son usage pour 10 ans , en droite ligne des propos du chef de l’État qui avait indiqué “ne pas vouloir d’interdiction” sans “solution” de remplacement en février 2023.

“Il faut qu’on soit pragmatique. C’est bien de vouloir être le premier à interdire les pesticides mais il vaut vérifier que ça suit derrière”, décrypte le député Horizons Vincent Thiébaut.

“D’une certaine façon, l’idée de Macron était d’être à l’avant-garde et de se dire qu’on allait donner l’exemple et pousser d’autres pays à nous suivre pour peser au niveau de la Commission européenne”, traduit un bon connaisseur du dossier.

“Là, c’est bien fini”, regrette notre interlocuteur. Gabriel Attal a cependant assuré qu’il prendrait “sans délai” et sans attendre l’Union européenne l’interdiction des denrées qui contiennent du thiaclopride, un pesticide interdit sur le continent mais qui arrive dans les fruits et légumes importés.

Preuve toutefois d’un certain malaise au sein du gouvernement? Depuis les annonces de Gabriel Attal jeudi, le ministre de la Transition écologique fait profil bas. Christophe Béchu s’est contenté d’expliquer qu’il ne peut pas y avoir de “prétexte à revenir en arrière” sur l’environnement.

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