Deux journalistes togolais poursuivis pour “diffamation” d’un ministre, ont été ciblés par le logiciel d’espionnage Pegasus – commercialisé par la société israélienne NSO- en 2021, selon l’ONG Reporters sans frontières
Deux journalistes togolais poursuivis pour “diffamation” d’un ministre depuis novembre, toujours en attente d’un procès, ont été ciblés par le logiciel d’espionnage Pegasus en 2021, selon l’ONG Reporters sans frontières (RSF).
“Entre le 1er février et le 10 juillet 2021, au moins 23 intrusions ont été identifiées sur l’un des téléphones utilisés par Loïc Lawson”, directeur de publication du journal Flambeau des Démocrates, soit “une cadence ahurissante”, estime l’ONG de défense des droits de l’information dans un rapport publié mardi.
Anani Sossou, journaliste indépendant, “a également fait l’objet d’une attaque similaire sur son téléphone, quelques mois plus tard, le 25 octobre 2021”, rapporte l’ONG.
“Une première au Togo” contre des journalistes, selon RSF, qui “demande aux autorités togolaises de s’expliquer”.
Le gouvernement togolais “n’a pas donné suite” aux demandes de l’ONG, ni aux questions de l’AFP.
Les deux journalistes sont des critiques du régime du président Faure Gnassingbé.
Selon RSF, ces intrusions “ont été opérées avec Pegasus, un logiciel espion redoutable” auquel le Togo a déjà eu recours contre des voix dissidentes.
L’ONG a commencé son enquête en décembre, alors que les deux journalistes venaient d’être libérés après 18 jours de détention à la prison de Lomé dans le cadre d’une enquête pour “diffamation” envers le ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Réforme foncière Kodjo Adedze.
Les journalistes avaient affirmé sur les réseaux sociaux que le ministre s’était fait voler 400 millions de francs CFA (604.875 euros) à son domicile.
Ils étaient ensuite revenus sur leurs affirmations, expliquant que des “investigations poussées” avaient montré que le montant communiqué était surestimé. Le ministre, qui avait bien déclaré un cambriolage auprès de la police sans que le montant soit rendu public, a porté plainte contre eux.
Ils avaient été écroués le 15 novembre puis libérés le 1er décembre. Leur procès s’est ouvert le 17 janvier devant le tribunal de Lomé mais ce dernier s’est déclaré incompétent et les a renvoyés devant la cour d’appel.
Ce n’est pas la première fois que le Togo est épinglé pour son utilisation de Pegasus.
En août 2020, une enquête publiée par les quotidiens français Le Monde et britannique The Guardian avait révélé que Pegasus, vendu aux Etats-Unis par la société israélienne NSO, a été utilisé contre des voix critiques du régime de Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, dont “des opposants, des militants de la société civile et des religieux catholiques”.
fvl/mba
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