Auto électrique: Bercy refond le bonus écologique pour contrer les Chinois

Dacia Spring produite en Chine

Bercy a annoncé ce lundi les nouvelles modalités du futur bonus écologique sur les voitures électriques. Le décret doit être publié mardi ou mercredi au plus tard. Le lieu de fabrication sera pris en compte. Le hic: les batteries viennent quasiment toutes de Chine !

Ce n’est pas dit clairement. Mais, on voit bien que les productions asiatiques et notamment chinoises sont visées. Bercy a annoncé officiellement  ce lundi les nouvelles modalités du futur bonus écologique sur les voitures électriques, dont le décret doit être publié mardi ou mercredi au plus tard. “Grâce à cette réforme, nous allons arrêter de subventionner les véhicules électriques qui ont une mauvaise empreinte carbone. Nous allons favoriser les véhicules dont la production émet le moins de CO2”, affirme le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. En clair, le bonus tiendra désormais compte du type de production du véhicule. Et les véhicules assemblés en Asie dans des usines fonctionnant au charbon auront peu de chances d’être adoubés…

Une mesure logique, destinée à enrayer le financement par l’argent public de l’offensive des constructeurs chinois dans l’Hexagone. La filière auto réclamait depuis longtemps ce type de prise en compte. Lors de son discours donné à l’Elysée pour présenter sa stratégie visant à accélérer la réindustrialisation de la France, Emmanuel Macron avait en mai dernier évoqué le critère de “l’empreinte carbone” de la production du véhicule parmi les conditions d’attribution du futur bonus écologique.

Le score environnemental du véhicule sera calculé au regard de l’impact environnemental de chaque étape précédant son utilisation sur la route : matériaux utilisés dans la production (acier, métaux ferreux, aluminium…) ; impact environnemental de l’usine d’assemblage, consommation énergétique, impact de l’acheminement du véhicule et, bien sûr, type et technologie des batteries. “Après instruction par l’ADEME des dossiers déposés à partir du 10 octobre par les constructeurs, un arrêté précisera mi-décembre les modèles qui demeurent éligibles au bonus écologique”, explique Bercy. Jusqu’à présent le bonus était conditionné à des seuls critères de poids et de prix, et seules les émissions de gaz à effet de serre à l’usage étaient prises en compte.  Le bonus se monte aujourd’hui à un maximum de 5.000 euros, voire de 7.000 pour les ménages modestes.

Une vraie usine à gaz comme les aime Bercy

Bercy a pondu une de ces mesures usine à gaz comme les adore l’administration française. “Ça va être un casse-tête de récolter tous ces data. Il faudra constituer des dossiers lourds, complexes, qui demanderont beaucoup de temps”, gémit un importateur de marque européenne. Bercy explique qu’il distribue chaque année un milliard d’euros de bonus pour la voiture zéro émission, mais qu’un tiers environ de cette somme subventionne des véhicules ayant une mauvaise empreinte carbone en production ! Problème :  30% de l’empreinte carbone d’un véhicule électrique est liée aux batteries. Et l’empreinte carbone d’une batterie chinoise est 1,7 à trois fois supérieure à celle d’une batterie fabriquée en France, toujours selon Bercy.

Le hic, c’est que la quasi-totalité des batteries, même des voitures françaises, sont aujourd’hui produites en Chine  avec une énergie non décarbonée… Quels véhicules seront éligibles? La Dacia Spring, la moins chère des voitures électriques vendues en France (20.800 euros), perdra-t-elle son bonus, parce qu’elle est produite en Chine ? Bercy promet que les seuils d’éligibilité, non précisés, seront fixés de façon à conserver une large offre de véhicules zéro émission…

La France n’est pas seule à s’attaquer aux importations de véhicules chinois. Paris a choisi le biais écologique, Bruxelles le biais commercial. La présidente de la Commission Ursula von der Leyen  s’était émue mi-septembre de “la distorsion de concurrence” introduite par les automobiles électriques de fabrication chinoise, dont “les prix sont maintenus à un niveau artificiellement faible par d’énormes subventions publiques”. La Commission estime l’avantage prix de l’ordre de 20%, qui se traduit par une croissance rapide de leur part de marché. Bruxelles pourrait décider de taxer davantage les voitures électriques chinoises.