L’interview entre le président russe Vladimir Poutine et l’animateur américain Tucker Carlson au Kremlin le 6 février 2024.
Très attendue de part et d’autre de l’Atlantique, l’interview entre le sulfureux journaliste américain Tucker Carlson – proche de Trump et ancienne vedette de Fox News – et le président russe Vladimir Poutine a vivement fait réagir. Alors que les médias russes ont perçu l’entretien comme une manière d’informer les Occidentaux sur la «vérité» de la guerre, la presse américaine fustige de son côté une mise en scène, au service de la propagande du Kremlin.
«Cours d’histoire» et «victoire de la propagande russe»
La presse russe et américaine s’accordent sur ce point : l’interview de Vladimir Poutine lui a donné une caisse de résonance hors norme. De fait, le premier entretien accordé par le chef du Kremlin à un journaliste étranger depuis trois ans a été visionné plus de cinquante millions de fois. Pour la chaîne de télévision américaine CNN, le président russe sort avec «une victoire de propagande». Face à une adversité inexistante, l’autocrate russe a eu «le champ libre pour manipuler le public et raconter sa version de l’histoire» constate CNN. Vladimir Poutine semblait «donner un cours d’histoire, relève Clarissa Ward, une intervenante de la chaîne. «Il s’agissait de la plateforme du président Poutine», souligne-t-elle encore.
Le Washington Post évoque lui aussi le début de l’entrevue consacrée à un vaste retour historique du président russe. Le journal américain qualifie de «tirade révisionniste» et de «mythes fondateurs» le tunnel de vingt-trois minutes imposé.
Un «cours d’histoire» que la presse russe perçoit comme nécessaire pour des Occidentaux qui seraient en manque de connaissance de la réalité à la frontière russe.
Pour appuyer cette thèse, la presse russe prend pour exemple les déclarations d’anciens hauts fonctionnaires américains. L’agence de presse russe Ria Novosti met en valeur une déclaration de Scott Ritter, ancien officier de renseignement des forces armées américaines. Selon lui, cette interview serait «la meilleure chose qui puisse arriver à la société américaine en ce moment» pour «apprendre la vérité sur le conflit entre la Russie et l’Ukraine» dit-il. Ria Novosti loue le «courage civique» de Tucker Carlson qui permet au public occidental de «comprendre les véritables raisons de ce qu’il se passe en Ukraine».
L’agence de presse russe vante également «le mérite» de Poutine à informer les Américains des erreurs de leurs dirigeants. La guerre en Ukraine en serait la conséquence. Alexeï Chepa, vice-président de la commission des affaires étrangères de la Douma, estime que si des millions de personnes ont visionné l’entretien, c’est que les gens attendaient d’avoir «enfin la vérité». Il estime qu’elle a trop longtemps été censurée par une propagande américaine, qu’il reconnaît «difficile à vaincre».
Un Tucker Carlson à la peine
Du côté russe comme américain, la presse semble également unanime sur les difficultés éprouvées par le journaliste qui épaule la campagne de Donald Trump. Sa posture, souvent interloquée et dénuée de répartie face au chef du Kremlin, semble avoir porté préjudice à sa crédibilité. Le Washington Post titre sur «Poutine, dans une interview décousue, laisse à peine Tucker Carlson s’exprimer». L’hebdomadaire américain décrit un Poutine qui «épuisait» et «pontifiait» son interlocuteur.
«Carlson, visiblement épuisé par les théories du complot et les griefs interminables du dirigeant russe contre l’Occident, l’a remercié et a démissionné», peut-on encore lire dans le Washington Post. L’ancienne vedette de Fox News semble avoir laissé sur leur faim ceux qui attendaient avec impatience l’entrevue. «Il a été bien en deçà du coup médiatique qu’il avait vanté», estime la correspondante pour le quotidien américain, Francesca Ebel. Avouant la domination de Vladimir Poutine sur l’entretien, Carlson a dit avoir été surpris par le long retour historique du président russe.
La «démonstration de supériorité» de Poutine
Alors que la presse américaine insiste sur ce manque de poigne de Carlson, la presse russe, Ria Novosti en tête, a vu dans l’attitude de Vladimir Poutine une «démonstration de supériorité sur l’establishment américain». Ce jeudi 9 février, le journal russe Izvestia titrait un de ses articles sur l’hebdomadaire allemand Zeit, qui soulignerait «l’invincibilité de Poutine». Il n’y a cependant aucune trace présumée de ces louanges que l’hebdomadaire allemand aurait portées à Vladimir Poutine.
Izvestia loue par ailleurs la maîtrise du président russe qui renverrait une position d’interlocuteur «dominant», qui connaît ses sujets et sûr de ses initiatives. Enfin, le magazine américain RollingStone résume ainsi l’interview : «Poutine a utilisé Tucker Carlson pour essuyer le sol du Kremlin».
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