« Il va falloir qu’il apprenne à gérer les attentes » : ce que l’Open d’Australie change pour Arthur Cazaux

Arthur Cazaux a dit au revoir à Melbourne. Rendez-vous dès la semaine prochaine à Montpellier. Photo Patrick HAMILTON / ICON SPORT

« Sortir un match comme ça, je lui tire mon chapeau. Je ne pensais pas qu’il pourrait tenir sa place et il l’a fait admirablement. » Alors qu’Arthur Cazaux vient à peine de quitter la John Cain Arena après avoir tenu la dragée haute au n° 9 mondial Hubert Hurkacz pendant deux sets en 8e de finale (7-6 (6), 7-6 (3), 6-4), Stéphane Huet affiche sa satisfaction sur Eurosport.

« Il a mangé quelque chose qui n’est pas passé après son 3e tour (contre Griekspoor), explique le coach du Français. Il a eu une gastro, il n’a pas beaucoup dormi, il ne s’est pas entraîné dimanche et il n’était pas dans les meilleures dispositions… » Dans ces conditions, la performance du Tricolore, qui a dû faire appel au médecin pour des maux de ventre à l’entame du 3e set, prend encore plus de relief.

« Avant-hier, j’ai passé la nuit aux toilettes et ce n’était pas beau à voir, plaisante l’Héraultais sur RMC. C’était un peu une zone de guerre dans les toilettes à l’hôtel. Dimanche j’étais sous médocs toute la journée à essayer de récupérer comme je pouvais. Ce matin, ça allait quand même mieux mais je m’étais préparé mentalement à être un peu dans le dur physiquement et j’ai fait avec. »

Cazaux a surtout ressenti le contrecoup en attaquant la dernière manche. « Déjà, dans le deuxième set, je n’arrivais plus à manger et à boire, mon estomac disait non et j’avais la nausée, explique-t-il. J’ai senti que j’avais moins de jus mais ce n’est pas ça qui m’a fait perdre. Hubert a juste été meilleur que moi. »

Invité à Melbourne grâce à l’accord de réciprocité entre la FFT et son homologue australienne, le jeune Montpelliérain, 21 ans, a crevé l’écran pendant huit jours. « Je suis triste parce que j’en veux encore plus mais c’était quand même une belle semaine pour moi, sourit-il. Une semaine pleine de premières. » Première victoire en Grand Chelem et première victoire en cinq sets (contre Djere, n° 33), première victoire sur un top 10 (Rune, n° 8), premiers pas en deuxième semaine…

« Si je veux gagner un jour un Grand Chelem, deux semaines c’est long pour le corps et l’esprit »

« Je suis très fier de lui et de son parcours, poursuit l’entraîneur. Il a progressé semaine après semaine, c’est une super expérience pour lui. Je lui ai dit qu’il avait le niveau pour taper des tops 10. Il fait partie des très bons joueurs. Ce qui va être dur maintenant, c’est de redescendre sur terre. »

En quelques jours, celui qui avait plutôt l’habitude d’écumer les tournois ITF (il n’avait qu’un succès à son actif sur le circuit ATP en débarquant en Australie) a beaucoup appris. « C’est une grosse expérience de m’être retrouvé en deuxième semaine avec les stars, souffle-t-il. Si j’ai une leçon à retenir, c’est que si je veux un jour gagner un Grand Chelem, deux semaines c’est long pour le corps et pour l’esprit ! Vous devez être très fort pour arriver à donner le meilleur de vous-même pendant quinze jours d’affilée. »

Après avoir (enfin) été épargné par les blessures et fait une saison complète en 2023, l’ancien finaliste du tournoi junior, qui n’avait plus remis les pieds aux antipodes depuis quatre ans, a franchi un nouveau palier dans tous les sens du terme. Car son épopée australe va lui permettre d’entrer dans le top 100 (83e) et lui ouvrir de nouvelles perspectives de programmation avec des tableaux ATP qui s’ouvrent et une place assurée dans les Grands Chelems.

Accessoirement, les 234 000 euros de prize money vont lui permettre de continuer d’investir dans sa structure. « C’est sûr que je vais revoir mon calendrier, glisse-t-il. Mon prochain tournoi sera à Montpellier (qui commence le 28 janvier) parce que c’est chez moi, j’adore ma ville et je le place au top. Ensuite, je n’aurai pas de points à défendre jusqu’à la saison sur gazon, donc c’est bon pour moi. »

Cazaux sait cependant qu’il va être désormais très observé. Il y aura un avant et un après Melbourne. « C’est ça qui va être dur, prédit son coach. Il va aussi falloir qu’il apprenne à gérer les attentes. »