Devant les évangéliques, Trump prêche la modération sur l’avortement
Trois autres candidats à l’élection présidentielle de 2024 ont eu beau parler, ils ne faisaient que chauffer la salle avant le clou du spectacle : Donald Trump. Vendredi 15 septembre, dans un hôtel de Washington, les pasteurs se relayaient à la tribune pour les présenter. Penchés sur un pupitre affichant le slogan : « Priez, votez, dressez-vous », ils rappelaient l’importance de la foi en politique ? et conspuaient la France mécréante et sa révolution « anti-religion ».
Difficile de trouver assemblée plus conservatrice que celle du sommet annuel du Family Research Council, une association évangélique qui représente un électorat clé pour son pouvoir de mobilisation et ses moyens financiers. Selon son site Internet, le FRC, outre ses activités de lobbying auprès du gouvernement, informe « le public sur les problématiques familiales qui affectent la nation, d’un point de vue biblique ». Il s’est opposé au mariage gay et soutient les thérapies de conversion pour les homosexuels.
À LIRE AUSSI États-Unis ? Pourquoi la Cour suprême ne va pas s’arrêter à l’avortementDevant deux mille personnes, le gouverneur de Floride Ron DeSantis a été salué comme « le gouverneur qui a limité l’avortement à six semaines ». Mais au milieu de sa liste « d’accomplissements » dans son État, il n’a consacré qu’une phrase au sujet : « Nous nous sommes dressés pour protéger la culture de la vie en mettant en place les protections les plus fortes dans l’histoire moderne de la Floride, la loi sur le battement de c?ur. »
Vivek Ramaswamy, qui se dit « pro-vie » (anti-avortement), ne l’a pas abordé. Ils savent que la question a plombé les républicains aux élections générales de mi-mandat, en novembre. En juin 2022, la Cour suprême a annulé l’arrêt Roe v. Wade, qui garantissait l’avortement au niveau fédéral. Or, 61 % des Américains rejettent cette décision, ce que les démocrates ont exploité en novembre. Vendredi, le public représentait les 39 % restants.
« S’ils n’en parlent pas correctement, ils ne gagneront pas »
Dernier intervenant de la soirée, Donald Trump a été présenté comme « l’homme qui s’est battu pour les non-nés en Amérique » au milieu d’applaudissements à tout rompre. « Il a nommé trois juges conservateurs à la Cour suprême, et le résultat, c’est que Roe v. Wade n’est plus », a lancé le présentateur, tandis que le public l’ovationnait, debout. L’ambiance était passée de l’intérêt à la dévotion, sur les musiques habituelles, banderoles Trump 2024 sorties des sacs.
L’ancien président, qui a longtemps évolué parmi les riches et célèbres de la nuit new-yorkaise, est sûrement bien moins conservateur que ces électeurs cruciaux. Mais il leur a rappelé ce qu’ils lui devaient : « Il y a un an, dans une victoire que les conservateurs recherchaient depuis exactement cinquante ans, ces juges de la Cour suprême? ont décidé de mettre fin à l’atrocité morale et constitutionnelle connue sous le nom de Roe contre Wade. [Acclamations.] Les pro-vie disposent désormais d’un énorme pouvoir de négociation qu’ils n’avaient pas du tout avant la décision? Cela renvoie la question aux États, ce que souhaitaient tous les juristes des deux côtés. » Il a souligné que, « comme le président Ronald Reagan », idole des républicains, il soutenait « les trois exceptions pour le viol, l’inceste et la vie de la mère ». Beaucoup, parmi les plus conservateurs, refusent de les prendre en compte.
À LIRE AUSSI Fin du droit à l’avortement, un constat d’échec pour le féminismeMais Trump a tenté de les mettre en garde : « C’est très, très difficile pour les élections. Lors des élections de mi-mandat, ça a été un problème? Et j’ai dit aux politiciens qu’ils ne savent tout simplement pas comment aborder cette question. Et s’ils n’en parlent pas correctement, ils ne gagneront pas. » La salle, qui riait à ses blagues, est devenue silencieuse.
En début d’après-midi, les participants avaient écouté Mike Pence, son ancien vice-président, connu pour son rigorisme religieux. Pence a, ensuite, devant les journalistes, accusé Trump de « marginaliser la cause de la vie ». Il lui a reproché de « ne pas soutenir une loi fédérale limitant l’avortement à quinze semaines » ? elle est de quatorze semaines en France ?, position plus sévère que les principes républicains prônant un choix par État. Le fait que Trump attribue le score médiocre des républicains, en novembre, à l’annulation de Roe v. Wade « envoie un signal aux Américains pro-vie sur la priorité qu’il accordera à la cause de la vie si vous le renvoyez à la Maison-Blanche », a ajouté Pence.
À LIRE AUSSI Sur l’avortement, les juges américains saisis par la foi chrétienneLe soir, Trump a exposé une stratégie à un public qui attendait des convictions. « Nous pouvons gagner les élections sur cette question, a-t-il poursuivi. Mais c’est très délicat, et bien l’expliquer est extrêmement important. Vous savez, dans les sondages, c’est à 51 % contre 49 %, dans les deux sens. C’est comme ça depuis de nombreuses années. » Son conseil est d’affirmer que les démocrates « sont prêts à faire des choses que personne n’aurait jamais pensées acceptables » et « tuent des bébés après la naissance ». Il arrivait d’un autre sommet, de femmes conservatrices, auxquelles il avait servi le même discours.
Trump a toujours refusé de se prononcer sur une limite fédérale du nombre de semaines pour avorter, tout comme DeSantis. Nikki Haley, ancienne gouverneure de Caroline du Sud, a appelé au « consensus », alors que le sénateur du même État, Tim Scott, et Mike Pence soutiennent une limite fédérale de quinze semaines. Malgré cela, vendredi, la salle a réservé un triomphe à Trump.
« C’est vraiment un grand orateur »
C’est en partie à cause de son charisme. Erin Stepien, venue du sud de la Californie, était enthousiaste : « C’est le président du peuple ! » Jay, 18 ans, venu de loin aussi, l’Idaho, était impressionné : « Je ne suis pas un partisan de Trump, mais c’est vraiment un grand orateur et je comprends pourquoi il a été élu en 2016. » Beaucoup défendaient des positions plus conservatrices que lui sur l’avortement.
Violeta Sarria y était totalement opposée : « Si on regarde les cas, c’est beaucoup parce que les gens ont oublié de prendre leur pilule ou autre, très peu ont été victimes de viol. Je protège l’enfant, ce n’est jamais sa faute. » David Closson, directeur du Centre pour une perspective biblique mondiale du FRC, a souligné : « Vous avez vu que les applaudissements les plus nourris ont éclaté quand on a dit que Roe v. Wade avait été annulé en grande partie grâce aux trois nominations de Donald Trump à la Cour suprême. Les victoires remportées sur les sujets qui nous tiennent à c?ur, pendant les quatre ans de gouvernement Trump, le rendent très populaire chez les conservateurs. »
À LIRE AUSSI Procès de Donald Trump à Washington : récit d’un immense casse-tête juridiqueIl pense que le score républicain aux élections de mi-mandat est multifactoriel et son analyse ressemble à un avertissement à Trump : « La qualité des candidats était un problème. C’est un peu simpliste de tout ramener à un seul problème. Le président Trump a vu, ce soir, que les conservateurs, qui constituent sa base, étaient toujours très très enthousiastes sur la question de la vie. » L’enseignement qu’il tire de son intervention, c’est qu’il faut « dire combien le Parti démocrate est extrême, quand certains démocrates comme Kamala Harris ne sont même pas capables de dire où ils fixeraient la limite pour avorter. »
« Les deux côtés vont m’aimer »
Trump lui-même refuse de répondre à cette question. Mais il caracole loin devant les autres candidats à la primaire avec, selon un récent sondage de Quinnipac, 62 % d’intentions de vote, le suivant, DeSantis, étant à 12 %. Trump vise donc l’élection générale contre Joe Biden, en novembre 2024. Il ménage les républicains sur l’avortement, tout en tentant de conquérir des indépendants. Il prône une forme de modération, peu crédible de la part de celui qui a permis l’annulation de Roe v. Wade, mais qui contraste avec les positions d’autres républicains.
Sur NBC, dimanche 17 septembre, il a refusé de dire s’il signerait une loi fixant une limite au niveau fédéral s’il était réélu. « J’écouterais les deux côtés et je négocierais quelque chose, et on trouverait la paix sur ce sujet pour la première fois en cinquante-deux ans », a-t-il ajouté.
À LIRE AUSSI Présidentielle américaine : accusé Trump contre accusé BidenIl a critiqué Ron DeSantis pour avoir signé la limite de six semaines en Floride, moment où beaucoup de femmes ignorent qu’elles sont enceintes. « Je pense que ce qu’il a fait est terrible et une terrible erreur. Mais on trouvera un nombre. Mais en même temps, les démocrates ne pourront pas permettre l’avortement jusqu’à six mois, sept mois, huit mois », a-t-il conclu. Il a insisté : « Les deux côtés vont m’aimer. » La campagne du gouverneur de Floride a réagi sur X (ex-Twitter) : « Ron DeSantis ne se vendra jamais aux conservateurs pour être bien vu des médias ou de la gauche. »
Vendredi soir, Trump a conclu : « Je nommerai à nouveau des juges conservateurs en béton. » Avant l’élection, en 2016, il avait rendu publique une liste de juges conservateurs à nommer à la Cour suprême pour qu’ils annulent Roe v. Wade. C’est sans doute pourquoi, même s’il incite à la modération sur l’avortement depuis novembre, il n’en subit pas les conséquences dans les sondages. Pour les évangéliques, il reste celui qui a tenu ses promesses.
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