Le Français Worldline, spécialiste des paiements en ligne, envisage une réduction de 8 % de ses effectifs dans le monde

Worldline est le leader français des paiements en ligne. (Illustrations) LP/Emma Oliveras

Le spécialiste français des paiements en ligne Worldline envisage des suppressions de postes concernant jusqu’à 8 % de ses 18 000 collaborateurs dans le monde, soit plus de 1 400 postes, a annoncé l’entreprise mercredi dans un communiqué.

Sur les 4 000 employés en France, 330 pourraient être concernés par ces suppressions, a indiqué un délégué syndical CFTC. Worldline n’a pas souhaité confirmer ce chiffre, tout en indiquant vouloir « permettre des départs volontaires lorsque possible ».

Cette décision s’inscrit dans un plan plus large annoncé en octobre, baptisé Power24, qui vise à « accélérer la transformation du groupe en réponse aux changements macroéconomiques » dans le secteur des paiements numériques, selon l’entreprise. Ce plan devrait coûter jusqu’à 250 millions d’euros, mais pourrait générer des économies « de l’ordre de 200 millions d’euros en 2025, avec une montée en puissance au cours de 2024 », a-t-elle précisé.

La « simplification de l’organisation » que permettra la réduction des effectifs a notamment pour but, selon Worldline, de « réduire la complexité » de ses activités, « afin que les managers accroissent leur périmètre d’encadrement et que les équipes soient plus autonomes ». Une autre partie de ce plan consiste à renforcer la modernisation de l’entreprise et à proposer de nouveaux services de paiement, notamment via un partenariat noué mi-janvier avec Google.

«Ã‚ C’est assez écÅ“urant, car l’entreprise va bien », a jugé un délégué syndical CFTC de l’entreprise sous couvert d’anonymat. « Tout ça n’a pas trop de sens. »

Malmenée en bourse

Fin janvier, le Crédit agricole avait annoncé son entrée comme « actionnaire minoritaire de long terme » au capital de Worldline, malmené en Bourse depuis plusieurs mois. La banque avait pris 7 % des actions.

Souvent assimilé par les investisseurs à une entreprise technologique, Worldline avait profité de la ruée sur ce secteur en 2020 pour voir sa valorisation boursière doubler en une dizaine de mois.

Le spécialiste des paiements en ligne a alors profité de cette période faste pour acheter Ingenico, leader mondial du marché des terminaux de paiement, pour 7,8 milliards d’euros.

Sortie du CAC 40

Mais depuis, la remontée des taux d’intérêt, une moindre génération de trésorerie, quelques pannes spectaculaires et des difficultés en Allemagne – marché essentiel pour l’entreprise – ont fait plonger le cours de cette ancienne filiale d’Atos, indépendante depuis 2019. Les terminaux de paiement hérités d’Ingenico ont d’ailleurs été cédés en 2022 au fonds Apollo, pour 2,3 milliards d’euros.

En octobre dernier, l’action Worldline avait perdu près de 60 % en une journée après une révision en baisse de ses objectifs annuels. L’entreprise avait été sortie du CAC 40 début décembre, alors que bruissaient déjà des rumeurs d’une arrivée du Crédit agricole à la rescousse.

Le spécialiste des paiements avait connu il y a un an et demi sa première grève en France depuis 12 ans. Cette mobilisation sociale avait duré quatre mois avant que les salariés n’obtiennent une augmentation de salaire de l’ordre de 100 euros par mois pour les 75 % salariés les moins bien payés. « En 2022, c’était la colère. En 2024, nous sommes désabusés », a résumé ce même délégué syndical.