Comment l'apnée du sommeil est-elle diagnostiquée chez les personnes âgées ?

Comment l’apnée du sommeil est-elle diagnostiquée chez les personnes âgées ?

Plus fréquente chez les personnes âgées, l’apnée du sommeil peut être diagnostiquée au moyen d’un examen très simple, réalisé à domicile.

L’apnée du sommeil est une pathologie assez fréquente que l’on retrouve chez 5 à 8% de la population adulte. “Sa prévalence augmente avec l’âge et elle atteint, selon les études, 30 à 40% chez les 60-70 ans et plus”, observe le Dr Malka, pneumologue. Outre l’âge, elle est favorisée par la surcharge pondérale, certains médicaments (notamment les somnifères et les hypnotiques), la prise excessive d’alcool, la cigarette ou encore certaines caractéristiques morphologiques (menton en arrière, cou court, etc.).

Apnée du sommeil : de quoi s’agit-il ?

L’apnée du sommeil est caractérisée par des arrêts brefs de la respiration, plus de 10 secondes, en raison d’une obstruction des voies respiratoires supérieures qui empêche le passage de l’air et de l’oxygène dans l’organisme. “La cause de l’apnée du sommeil est mécanique le plus souvent. Il y a un relâchement des muscles au niveau du pharynx pendant le sommeil, un affaissement des parois. La langue peut également aller en arrière et cela bloque le passage de l’air, provoquant une apnée”, explique le pneumologue. Il y a alors une turbulence d’air, une vibration, un ronflement.

Pour lutter contre cette apnée, le corps n’a qu’une solution : provoquer un micro-réveil pour retendre les muscles et pouvoir respirer. “Les patients ne s’en aperçoivent pas forcément mais ce phénomène segmente le sommeil. Ils alternent les apnées et les micro-réveils et n’ont plus de sommeil réparateur”, ajoute le spécialiste. Au-delà de 5 apnée par heure, on considère que c’est pathologique. Chez certaines personnes, cela peut même monter jusqu’à 70 à 80 apnée par heure, même si le plus fréquent est autour d’une trentaine.

A savoir. Il existe une autre forme, beaucoup plus rare et spécifique, d’apnée du sommeil : le syndrome d’apnée centrale. Elle est liée à un trouble de la commande centrale au niveau du cerveau et non à un problème mécanique. Elle est le plus souvent consécutive à une AVC ou un problème cérébral.

Apnée du sommeil : pourquoi est-elle plus fréquente quand on vieillit ?

L’apnée du sommeil est plus fréquente chez les personnes âgées notamment en raison d’un moins bon tonus musculaire, de la présence de plus de comorbidités (ils prennent donc logiquement plus de médicaments), d’une prise de poids qui peut être liée à l’âge. Cette pathologie n’est pas sans risques et si elle a bien sûr un impact sur la qualité du sommeil, elle a également un retentissement plus général. “Cette fragmentation du sommeil peut être à l’origine d’une asthénie au réveil, d’une somnolence dans la journée et au volant, d’une irritabilité, de difficultés de concentration”, détaille le Dr Malka. “En raison de la baisse du taux d’oxygène due aux apnées, il peut aussi y avoir un retentissement au niveau cardiaque avec un risque de tachycardie, de troubles du rythme, d’insuffisance coronarienne, d’hypertension nocturne”, détaille le spécialiste. Ce manque d’oxygénation a également un impact au niveau cérébral, augmentant le risque d’AVC, et sur le plan métabolique. Il peut notamment influer sur l’équilibre du diabète.

Le diagnostic d’apnée du sommeil chez la personne âgée

La méthode pour diagnostiquer l’apnée du sommeil est la même quel que soit l’âge. L’interrogatoire clinique est très important et permet de repérer des signes en faveur d’une apnée : fatigue, somnolence, réveils fréquents la nuit pour aller aux toilettes, hypertension nocturne. “On réalise alors ce qu’on appelle une polygraphie respiratoire. Il s’agit d’un examen simple, indolore et qui est réalisé à domicile en une nuit seulement. Le patient dort avec deux ceintures (au niveau thoracique et abdominal) qui vont mesurer ses efforts respiratoires, un oxymètre au bout du doigt pour mesurer le taux d’oxygène pendant toute la nuit et des lunettes nasales pour mesurer le flux respiratoire”, explique le Dr Malka.

Un petit boîtier électronique enregistre l’ensemble des données mesurées pendant la nuit. “On observe les courbes en parallèle pour voir s’il y a une interruption du flux respiratoire : une interruption complète ou, s’il s’agit d’une diminution d’au moins 50%, une hypopnée. On regarde également l’index de saturation pour déterminer la saturation moyenne en oxygène”, précise le pneumologue. Le médecin peut alors établir un diagnostic d’apnée du sommeil légère (5 à 15 par heure), modérée (15 à 30 par heure) ou sévère (au-delà de 30 par heure).

Apnée du sommeil : doit-on traiter les personnes âgées ?

La question qui se pose chez les personnes âgées est celle de la pertinence du traitement, le plus souvent par Ventilation en pression positive continue (PPC). “Les patients appréhendent le traitement et se demandent si ça en vaut la peine. En réalité, il n’y a pas de limitation théorique au traitement. S’il y a une symptomatologie, il faut traiter. Et le traitement est généralement très bien supporté, même chez des personnes âgées de 80 ans. En revanche s’il n’y a pas de symptômes cliniques de l’apnée, qu’ils la supportent bien sans baisse majeure d’oxygène, alors on peut surveiller”, conclut le Dr Malka.

Merci au Dr Michel Malka, pneumologue.

Merci au Centre Médical Veille Sommeil Paris – CMVS (Paris)

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