Madagascar cherche à en finir avec les montagnes d’ordures dans les rues d’Antananarivo

À Antananarivo, au marché d’Analakely, des déchets envahissent depuis plusieurs semaines cette rue commerçante et se rapprochent de plusieurs stands alimentaires. Ici, le 25 janvier 2024

Le président malgache Andry Rajoelina a fixé l’objectif de finir avec les ordures qui s’accumulent dans les rues d’Antananarivo lors du premier Conseil des ministres du nouveau gouvernement, le 17 janvier. Pour parvenir à cette mesure, érigée au rang de priorité pour les 100 jours de son nouveau mandat, les autorités affichent de grands moyens, alors que les déchets s’accumulent et envahissent marchés et d’autres lieux de vie.

Avec notre correspondante à Antananarivo, Pauline Le Troquier

Dans le centre-ville de la capitale, les déchets s’accumulent – plus encore que d’habitude depuis les fêtes – et envahissent même les lieux de vie. Pour y répondre, les pouvoirs publics affichent de grands moyens, notamment par de nouveaux camions-bennes, refonte du système de gestion des déchets et autres. Installé au pied d’une montagne d’ordures, Paul, chauffeur de taxi-moto, s’accommode de la situation avec un brin de résignation : « C’est ça notre quotidien ici. Qu’est-ce que je peux faire faire pour empêcher ces ordures ? C’est pour ça que je reste. »

Derrière son stand à fruits, Nirina agite frénétiquement son chasse-mouches. Plus la benne qui jouxte son étal déborde, plus les clients se font rares. « Le ramassage n’est pas suffisant, s’agace la vendeuse. Il arrive que les déchets débordent jusqu’au pied de nos étals ! Avant les fêtes, j’arrivais à écouler 30 kilos de grenadelles alors qu’aujourd’hui je peine à en vendre 10. »

Repenser à une approche circulaire de la gestion des déchets

Au siège de la Société municipale d’assainissement (SMA), l’entreprise chargée de la collecte des déchets dans la ville, une trentaine de camions-bennes et multi-bennes flambant-neuf trônent. Tout juste livrés par le gouvernement du Japon, ces engins répondent à un projet plus large : faire d’Antananarivo une capitale propre d’ici 2026. « Les camions bennes ont été conçus en tenant compte des paramètres d’Antananarivo, qui produit 1 200 à 1 800 mètres cubes de déchets par jour, explique Tiana Razafimanahaka, directeur général de la société. La totalité est acheminée vers Andralanitra, et qui à la fin pourra permettre à la population de jouir d’une ville propre, qui correspond à l’ambition actuelle de la commune. »

À eux seuls, les équipements ne suffisent pas. Il faut, explique le responsable, une approche circulaire de la gestion des déchets, c’est-à-dire repenser toutes ses étapes : la collecte, le tri, la destruction et la réutilisation. « Le coût de revient de transport des déchets nous oblige à réaliser l’action de recyclage, afin de réduire le coût de la collecte, et réduire le coût de l’impact environnemental de la production de déchets de la ville », explique Tiana Razafimanahaka.

Autre enjeu de taille du projet, la fermeture à terme de la décharge d’Andralanitra à l’est de la Ville. Saturé et impraticable en saison des pluies, le site exploité depuis les années 1960 est jugé en grande partie responsable des problèmes d’insalubrité à Antananarivo.

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