Paris-Roubaix. Les coureurs hors délais, ces véritables oubliés de l’Enfer du Nord

Mathieu van der Poel a survolé les pavés quand ses concurrents ont souffert toute la journée.

Les invités du podcast On connaît nos classiques, produit par la RTBF, sont revenus, ce mardi 9 avril, sur la 121e édition du Paris-Roubaix, avec en ligne de mire les coureurs non classés par les commissaires de courses.

Monumentale, extraordinaire, historique, les superlatifs ne sont ni assez nombreux, ni assez puissants pour qualifier la performance majuscule de Mathieu van der Poel sur cette 121^e édition du Paris-Roubaix. Si tous les yeux étaient rivés sur le Néerlandais qui a battu des records sur les routes de l’Enfer du Nord, de l’autre côté, ils sont nombreux à avoir souffert durant toute la journée.

Rapidement distancés, chahutés par les pavés, contraints de terminer en solitaire, les retardataires sont souvent les grands oubliés de cette course. Pourtant, franchir les 260 km du parcours pour entrer sur le vélodrome André-Pétrieux, et ce même si l’on termine hors délai, est bel et bien un exploit.

Un règlement d’exception pour une course d’exception ?

Ils sont cette année dix-huit coureurs à ne pas avoir franchi la ligne d’arrivée dans les temps. Dix-huit coureurs dont le nom ne sera pas inscrit au palmarès de cette classique fantasmée par tous les passionnés de cyclisme.

Les spécialistes de la RTBF sont revenus sur ce sujet de fond dans leur podcast On connaît nos classiques, publié ce mardi 9 avril. « C’est lamentable. Je n’ai pas d’autre mot. Je l’ai déjà dit il y a quelques années, Paris-Roubaix est une course d’exception, il faut un règlement d’exception […] Chapeau à ces gars qui finissent tout seul, sans assistance, ils doivent être tous classés, », a ainsi embrayé  Rodrigo Beenkens.

Le commentateur belge a ensuite ajouté : « Je trouve que c’est un manque de respect total. Qu’est-il marqué ? Il a abandonné. Non ! Il a terminé la course. Paris-Roubaix doit être une exception. Il y a quelques années, je m’étais déjà posé la question et j’avais fait part de mon irritation. »

Le règlement le stipule, tout coureur ne terminant pas la course dans un certain laps de temps est d’office considérer comme hors délai par les commissaires. Pourtant, Beenkens le rappelle, des exceptions ont régulièrement été accordées : « Je vais vous faire tout l’historique du Tour de France et le nombre de coureurs qui devaient être hors délais et qui ont été repêchés. »

Un exemple marquant a même été cité, celui de Pierre Matignon, lanterne rouge du Tour de France 1969, qui a « gagn (é) l’avant-dernier jour alors qu’il avait été trois fois repêché hors délai ».

«Ã‚ Parfois j’avais l’impression d’être le premier »

Une vision partagée par Gérard Bulens, ancien directeur sportif, lui aussi participant à ce podcast : « Après 270 km et plus de 55 km de pavés, vous avez fait un effort qui est considérable. »

Un effort qui devrait probablement être davantage mis en lumière. Le Paris-Roubaix n’est pas une course à l’histoire unique vue par le leader, c’est un monument que chacun des coureurs vit à sa manière.

Un point que souligne Jérôme Helguers : « Le Français Jordan Labrosse qui termine 101^e, de l’équipe Décathlon-AG2R, a expliqué son histoire dans ce Paris-Roubaix. Il était avec les meilleurs dans Arenberg, puis il a été décroché. »

Le journaliste a ensuite ajouté : « C’était son premier Paris-Roubaix donc il était tout heureux de le terminer et il a dit’j’étais tout seul dans la fin de course, j’ai fait quasiment 50 km tout seul sur les pavés et sur les portions d’asphalte entre les secteurs, et parfois j’avais l’impression d’être le premier’. Parce qu’il était encouragé et seul dans ces secteurs pavés. Ce sont des belles histoires et pourvu que ça continue. »

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De Mathieu van der Poel à Cyrus Monk, dernier avec 48 minutes et 18 secondes de retard sur le champion du monde, tous ces coureurs ayant dompté l’Enfer du Nord méritent le plus grand respect. Car si l’on aime le cyclisme, c’est bien évidemment pour la grande Histoire, mais aussi pour toutes les petites histoires, celles qui créent la légende d’une épreuve.