Pourquoi un méga-projet d’hôtel à Knokke est en péril ?
Image prétexte.
Nouveau pépin pour l’homme fort de Ghelamco, Paul Gheysens : un tribunal brugeois a annulé lundi la vente d’un terrain qui devait être intégré à son vaste projet d’hôtel golf à Knokke-Heist, sur la côte. Sans cette parcelle, le permis octroyé par la Flandre pour lancer la construction du complexe est « inexécutable », a confirmé lundi la ministre flamande de l’Environnement Zuhal Demir.
L’affaire s’étale régulièrement, depuis plusieurs années, dans les colonnes de la presse du nord du pays. Le dossier oppose Paul Gheysens, CEO du promoteur immobilier Ghelamco, à Peter Taffeiren, autre Flamand fortuné actif dans l’immobilier. Le premier chérit depuis des années le projet d’un complexe hôtelier et sportif d’envergure à Knokke, avec un 18 trous imaginé par la légende du golf Jack Nicklaus, un club-house, un hôtel de 150 chambres et 200 suites de luxe, un centre de congrès, 1.350 places de parking et des appartements pour les employés. Une aubaine économique pour les uns, un désastre écologique et une destruction du paysage des polders pour les autres.
Les 120 hectares nécessaires sont tout proches du haras géré par l’épouse de Peter Taffeiren, et englobent une parcelle appartenant à ce dernier. Un compromis de vente avait été conclu pour la vente de cette parcelle, mais Peter Taffeiren a récemment tenté de le faire invalider. Raison invoquée : le compromis était assorti de conditions selon lesquelles le terrain ne pouvait que servir au golf, et devait rester ouvert et visible des environs. Or, la dernière demande de permis introduite par Paul Gheysens comprend de la végétation haute ainsi qu’un chemin. Le tribunal de première instance de Bruges a entendu ces arguments et estimé que le compromis était bien rompu. Paul Gheysens a cependant la possibilité de faire appel, ce qu’il a l’intention de faire, a-t-il précisé lundi.
Du côté des autorités flamandes, la ministre Zuhal Demir avait refusé d’octroyer un permis d’environnement en 2022. L’année suivante, après quelques adaptations, le projet a quand même reçu un permis, mais assorti d’une impressionnante liste de conditions. Le cabinet de la ministre rappelle leur existence lundi. Une condition essentielle est que le demandeur soit propriétaire de tout le terrain concerné, ou puisse en disposer à sa guise. Ce qui n’est plus le cas en ce qui concerne la parcelle de Peter Taffeiren. « Cela va de soi que le permis d’environnement est, dans ces conditions, inexécutable, et que le projet ne peut pas débuter », communique lundi la ministre Demir.
Le projet reste controversé, et il fait également l’objet d’une procédure au Conseil du contentieux des permis. Selon les détracteurs du futur complexe, la préservation du paysage ouvert typique des polders n’est pas conciliable avec les rehaussements de terrain prévus par Ghelamco. Le plan d’exécution spatial communal laisse une certaine marge d’interprétation sur ce point, avait déjà observé la ministre Demir.
En aucun cas il n’y a certitude d’un feu vert si d’aventure Paul Gheysens introduisait une nouvelle demande de permis, observe-t-elle.