Français disparus à Madère: la boulangerie du couple a rouvert l'initiative de leur fille

Véronique et Laurent Blond ont disparu le 16 mars lors d’une randonnée sur l’île de Madère. Leur fille a décidé de faire rouvrir leur boulangerie ce lundi, sous l’émotion des salariés et des clients.

Elle l’avait annoncé la semaine dernière: la boulangerie l’Épi blond à Beaumont-de-Lomagne (Tarn-et-Garonne) a bien rouvert ce lundi 15 avril. Avec sa sœur Pauline, Johanna Blond s’est mobilisée pour rouvrir le commerce de ses parents, disparus lors d’une randonnée sur l’île portugaise de Madère il y a un mois.

La boulangerie du couple de Français disparu à Madère a rouvert ce lundi 15 avril à Beaumont-de-Lomagne.

“Aujourd’hui, c’est difficile parce que la réouverture du commerce sans mes parents à l’intérieur, c’est de fortes émotions”, témoigne Johanna Blond auprès de France 3.

“J’ai l’impression qu’on leur fait faux bond et en même temps, j’ai l’impression qu’on leur rend hommage. Mais c’est vraiment dur de passer la porte et de ne pas les voir”, poursuit la jeune femme de 27 ans.

Planning aménagé

“On ne pense pas qu’à l’argent, mais il faut y songer un petit peu”, confie-t-elle. Les deux filles du couple ont notamment organisé cette réouverture pour que les salariés de la boulangerie puissent être payés, “en prenant en compte les contraintes de chacun pour que ça ne dépasse pas les horaires de travail habituel”.

C’est un mandataire judiciaire qui a notamment pris en partie la gestion des comptes en banque, des salariés et des fournisseurs. Frédéric Nicolas, l’un des boulangers, assure que l’équipe “pensera à eux tout le temps”.

“On travaille pour nous, mais c’est leur bébé, c’est leur boulangerie. On travaille pour eux, pour honorer leur mémoire”, confie-t-il.

Rouvrir, c’est aussi un moyen pour que “les clients puissent aussi retrouver le confort d’avoir un commerce de proximité avec des produits de qualité comme auparavant”, explique Johanna.

“Je n’arrive pas à m’y faire…”

En effet, en ce lundi de réouverture, les clients étaient au rendez-vous. “C’étaient des gens tellement sympathiques, des gens à l’écoute. J’ai plus connu la boulangère, son mari était lui derrière, mais elle remontait le moral des gens, toujours un mot très gentil avec tout le monde. Je n’arrive pas à m’y faire…”, témoigne l’une d’entre eux.

“J’aurais préféré les voir vivants et aller chercher mon pain ailleurs”, affirme auprès de l’AFP un autre client.

“On discutait à chaque fois que je passais. Ils étaient très gentils”, confie un agriculteur des environs, qui fournit le blé à l’établissement. Pour lui, revenir ce lundi matin, “pour la première fois” depuis leur disparition, “est compliqué”.

Deux corps retrouvés

Véronique et Laurent Blond, âgés respectivement de 56 et 58 ans, ont disparu dans l’après-midi du 16 mars à São Vicente, alors qu’ils étaient en vacances avec leur fille Johanna. C’est elle qui a donné l’alerte lorsqu’ils ne sont pas rentrés de randonnée.

Le 4 avril, un promeneur avait finalement retrouvé le corps sans vie d’une femme dans un sentier escarpé, avant qu’un homme, également mort, ne soit découvert dix mètres plus bas le lendemain. La piste de l’accident est privilégiée.

Si ces corps n’ont pas été formellement reconnus comme ceux de Véronique et Laurent Blond par les autorités locales, tout semble indiquer qu’il s’agit bien d’eux. Leurs filles en sont d’ailleurs convaincues, même si elles affirment ne pas être tenues au courant des suites de l’enquête.