La forêt de Fontainebleau est en passe d’être classée au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Ils s’appellent Garnier & Linker, José Lévy, Jean-Guillaume Mathiaut, Eloïse Van der Heyden ou encore Hugo Drubay… et tous ont délibérément choisi de vivre au vert. À proximité de Fontainebleau, l’une des plus grandes forêts de France – 22 000 hectares –, qui fut pendant plusieurs siècles le domaine de chasse des souverains. Un immense espace naturel aux portes de la capitale, constitué d’une diversité de paysages qui aiguise leur imaginaire. On se souvient qu’au XIXe siècle, Corot, Millet, Renoir ou Monet posaient leur chevalet à Barbizon, hypnotisés par ce repaire et sa lumière si singulière.
Habillé de lames de chêne doré, l’atelier du créateur Jean-Guillaume Mathiaut.
Jean-Guillaume Mathiaut devant l’une de ses bibliothèques en chêne massif (certaines pièces sont vendues dans la galerie de Jean-Marc Hervier, au marché Paul Bert-Serpette).
Désormais, une nouvelle communauté créative s’est installée à quelques kilomètres de là, au sein du village de Bourron-Marlotte, en lisière du domaine forestier dont Jean-Guillaume Mathiaut, designer-sculpteur, est natif : « J’ai grandi dans ce bourg et vécu mes premières années dans la demeure du cinéaste Jean Renoir. Une maison de maître classée, où j’ai construit mes premières cabanes. » Aujourd’hui, le créateur qui collabore avec Bonpoint, Puiforcat ou Alain Ducasse, arpente tous les jours la Plaine verte, l’œil en éventail, à la recherche de troncs abandonnés, de souches coupées ou de branches enlacées qu’il convertit en meubles taillés à la main et sculptés dans la masse. Son lien est quasiment charnel avec cette forêt.
Le village de Bourron- Marlotte qui, déjà au XIXe siècle, avait séduit les artistes Sisley, Cézanne, Monet…
Chez lui, José Lévy, designer et architecte d’intérieur, devant le canapé en métal perforé qu’il a créé pour Serax.
« Voir s’éveiller chaque matin la futaie de chênes centenaires ou l’océan de pins maritimes est un bain de jouvence qui stimule ma pratique artistique et me ressource. »
Le designer et sculpteur Jean-Guillaume Mathiaut
Est-ce le plaisir de voir défiler les saisons ou la magie de ces paysages à la fois sauvages et domestiqués qui ont poussé José Lévy à vivre entre Paris et Bourron- Marlotte, une commune à laquelle il est intimement lié depuis plus de trente ans ? « Il y a ici une force tellurique et une harmonie favorable à la création », reconnaît l’artiste polymorphe, capable d’endosser tous les rôles : designer, architecte d’intérieur, styliste, scénographe, plasticien… La proximité du site naturel l’apaise et nourrit les desseins de ce créateur prolixe, qui prépare pour ce printemps une exposition qui célébrera les 10 ans du partenariat entre la Fondation Bettencourt et la Villa Kujoyama, au Japon, dont il a été le résident puis le lauréat en 2011. Il finalise aussi les costumes de la pièce de Jean Genet, Les Paravents, jouée en mai prochain au Théâtre de l’Odéon, et peaufine une ligne de meubles et luminaires pour Serax. Une collection de lampes en papier et résine, imaginée à partir des célèbres rochers de Fontainebleau, qui témoigne une nouvelle fois de sa relation privilégiée avec la forêt, à l’origine d’un projet pour la Manufacture de Sèvres et pour la marque Astier de Villatte.
Le génie du lieu
Victor Cadene et ses collages. Courtisé par les plus grandes maisons, l’artiste- décorateur publie en janvier un beau livre, À l’intérieur, aux éditions In Fine.
« On ne s’installe pas à Bourron-Marlotte par hasard », lance Eloïse Van der Heyden, céramiste et créatrice d’estampes, très attachée à ce bourg où vécurent Camille Claudel, Paul Cézanne, le cinéaste Jean Renoir ou Victor Hugo. Car, contrairement à Barbizon, surfréquenté à la belle saison, ce village a gardé son âme et son authenticité. Il n’y a ni hôtel, ni musée ou salon de thé qui attirent les touristes en goguette. « Et tant mieux, renchérit cette Américaine qui a trouvé ici sincérité, ancrage et sérénité. Par ses couleurs et ses formes, la forêt est la matrice de mes créations, quel qu’en soit le médium. » Cette vaste étendue boisée guide aussi quotidiennement les pas de Victor Cadene, artiste-décorateur courtisé par Hermès, la Manufacture d’Aubusson Robert Four ou Diptyque. De prestigieuses maisons pour lesquelles il réalise des dessins qu’il découpe et assemble en collages. Et à y regarder de plus près, on s’aperçoit qu’une profusion de motifs d’animaux ou de végétaux peuple les œuvres de ce trentenaire installé dans le village depuis 2021. Faut-il en conclure que ce décor naturel, nécessaire à son équilibre et à sa concentration, a réinitialisé son œil ?
Hugo Dubray, architecte d’intérieur et designer, avec son miroir Rocailles en céramique, en exclusivité pour The Invisible Collection. En arrière-plan, son miroir en hêtre teinté Aux arbres.
Rasséréné par une longue balade en forêt, Hugo Drubay n’hésite pas non plus à faire feu de tout bois. Lauréat du Prix Mobilier national de Design Parade Toulon en 2019, il crée deux ans plus tard la collection de miroirs Rocailles en mariant artisanat traditionnel et innovation technologique. Aujourd’hui, il renouvelle l’expérience de la sculpture numérique et de la gravure robotique avec une série de meubles baptisée Aux arbres – clin d’œil au poème de Victor Hugo – et inspirée par la poésie de ce site. Ces consoles murales aux formes sinueuses et dorées à la feuille d’or rendent hommage à la fois au mobilier Louis XV et à l’Art nouveau. « À Paris, je me dilue, mais j’ai trouvé dans cette commune une forme de simplicité et une énergie créative salvatrice. » Au retour d’une résidence à la Villa Médicis en 2024, il espère réaliser des décors muraux à partir de branchages surlignés d’un liseré d’or.
Une nature impressionniste
Un bougeoir en bronze fondu à la cire perdue dessiné par les designers Garnier & Linker.
Garnier & Linker, orfèvres de la matière, devant leur atelier situé dans une ferme XVIIIe siècle à Machault.
Ce patrimoine vivant représente également un terrain de jeux inépuisable pour Garnier & Linker, un duo de designers qui vient d’investir une grange avec des écuries attenantes à Machault, un village agricole à proximité de la forêt. Des bâtiments eXVIIIe siècle à l’architecture vernaculaire dans lesquels ils ont aménagé leur atelier. « On est aimantés par ce site et ses sols sablonneux qui nous rappellent les paysages du sud de la France. » Traverser tous les jours cette forêt infuse indéniablement leurs créations. Comme on le constate sur les textures et les patines en bronze de leurs luminaires, qui évoquent la nature de manière impressionniste, sans la singer.
Eric Schmitt dans son atelier à Larchant.
Quant à Eric Schmitt, digne héritier de la tradition des Arts décoratifs, il a désormais installé son atelier dans une ferme fortifiée du XIVe à Larchant, « avec une vue à 360° époustouflante, en surplomb des frondaisons ». Si ces lieux lui fournissent un confort de travail, la canopée a aussi le mérite d’élargir son horizon et de lui ouvrir de nouvelles perspectives pour élaborer des pièces monumentales. Des témoignages, s’il en faut, de la fascination des créateurs pour la nature, propice aux correspondances.
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