Six ans après l’abandon de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, Vinci réclame 1,6 milliard à l’État

Une mobilisation sans précédent avait conduit le projet dans l’impasse.

AGO (aéroport du Grand Ouest), concessionnaire de l’aéroport de Nantes, et son actionnaire majoritaire, Vinci, ont saisi la justice, ce mercredi 20 mars, pour obtenir réparation du manque à gagner, après l’abandon du projet, en 2018.

Un peu plus de six ans après l’annonce de l’abandon par l’État du transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), en 2018, le concessionnaire AGO (aéroport du Grand Ouest) et son actionnaire majoritaire, Vinci, ont présenté l’addition, ce mercredi 20 mars, à la barre du tribunal administratif de Nantes.

Les exploitants demandent 1,6 milliard d’euros à l’État, en réparation de leur manque à gagner.

AGO dénonce un État « aux abonnés absents »

Vinci avait obtenu, en 2011, la concession pour cinquante-cinq ans de l’équipement, dont le déménagement de Bouguenais à Notre-Dame-des-Landes était prévu fin 2017. Mais une mobilisation sans précédent avait conduit le projet dans l’impasse.

À l’audience, le rapporteur public a rembobiné la chronologie d’un renoncement en quelques dates et chiffres : l’esquisse du projet dès 1960 ; une consultation des habitants de Loire-Atlantique favorable au projet à 55 %, en juin 2016 ; le crescendo des tensions sur la ZAD, avec 19 000 lacrymo tirées, 41 condamnations, 211 barrages, 95 squats… Autant de preuves, aux yeux des avocats d’AGO, des « manquements » d’un État « aux abonnés absents ».

Un renoncement « d’intérêt général » ?

Mais le rapporteur public a fait une tout autre analyse, voyant un « motif d’intérêt général » à l’abandon – annoncé le 17 janvier 2018 par le premier ministre de l’époque, Édouard Philippe – d’un « projet dépassé », la situation étant « devenue inextricable ».

Ne retenant aucune « faute caractérisée » de l’administration, il préconise le rejet de la requête, laissant aux juges le soin d’examiner « l’opportunité d’une expertise » des investissements consentis à perte par AGO dans le transfert avorté.