Qui était Jeanne de Bourgogne dite Jeanne la Boiteuse ?
Représentation de Jeanne de Bourgogne.
Jeanne de Bourgogne fut reine de France de 1328 à 1349. Mais qui était vraiment cette femme que l’on surnommait "la Boiteuse" ?
Une reine, mauvaise et haineuse… Tel est le portrait peu flatteur que l’on a fait de Jeanne de Bourgogne. Devenue reine de France en 1328 par son mariage avec Philippe VI, elle s’attire la haine des nobles, qui lui reprochent ses origines bourguignonnes et son influence sur le roi. Dès lors, ses détracteurs n’ont de cesse de répandre des rumeurs qui alimentent une légende noire. Mais qui était vraiment cette femme ?
Qui était Jeanne de Bourgogne ?
Jeanne de Bourgogne naît vers 1293. Elle est la fille du duc de Bourgogne, Robert II, et d’Agnès de France, l’une des filles du roi Louis IX, dit "Saint Louis". En juillet 1313, elle épouse Philippe de Valois. Par ce mariage, Jeanne devient comtesse du Maine, puis comtesse de Valois et d’Anjou. Son époux monte sur le trône de France en 1328 sous le nom de Philippe VI. C’est le premier roi de la dynastie des Valois.
Devenue reine de France, Jeanne de Bourgogne est amenée à diriger le royaume tandis que Philippe VI combat les Anglais dans le cadre de la guerre de Cent Ans. De son union avec le roi, elle met au monde neuf enfants, dont sept meurent à la naissance ou à un très jeune âge. Seuls deux enfants arrivent à l’âge adulte : Jean II le Bon, qui sera roi de France de 1350 à 1364, et Philippe, comte de Valois et premier duc d’Orléans.
Jeanne de Bourgogne meurt le 12 décembre 1349, des suites de la peste bubonique. L’année suivante, le roi épouse en secondes noces Blanche de Navarre.
Pourquoi était-elle surnommée "Jeanne la Boiteuse" ?
Jeanne de Bourgogne était surnommée "la Boiteuse" à cause d’un handicap physique qui la faisait boiter. Au Moyen Âge, les personnes boiteuses, borgnes ou difformes étaient considérées comme maudites. La reine était aussi affublée de ce surnom par ceux qui la détestaient pour des raisons politiques. On reprochait surtout à cette femme intelligente d’avoir une grande influence sur son époux et de servir les intérêts de sa famille bourguignonne. Certains nobles répandirent des rumeurs sur Jeanne afin de la discréditer.
C’est le cas d’un certain Philippe de Moustiers, exécuté en 1334 pour avoir détourné des fonds et qualifié en privé la reine de "mauvaise". Robert d’Artois la traita pour sa part de "diablesse". Enfin, un certain Pierre Vidal accusa la reine d’hérésie, d’"ivrognerie" et de "goinfrerie", des mœurs peu convenables, qui auraient causé la mort de certains de ses enfants à la naissance. Il est jugé pour injure publique, mais acquitté faute de preuves.
À la fin du XIVe siècle, les rumeurs infondées sur Jeanne de Bourgogne sont rapportées par des chroniqueurs comme Jean Froissart. Cela a contribué à perpétuer la mauvaise réputation de cette femme pendant des siècles.
Où est enterrée Jeanne la Boiteuse ?
Jeanne de Bourgogne, dite "la Boiteuse", est inhumée le 17 décembre 1349 dans la basilique de Saint-Denis, conformément à ses dernières volontés. Son cœur est envoyé à l’abbaye Notre-Dame de Cîteaux, lieu où reposent les ducs de Bourgogne. Ses viscères sont recueillis dans l’abbaye Saint-Jean-Baptiste du Moncel, à Pontpoint.
Avec son époux, la reine s’était impliquée dans la reprise des travaux de cette abbaye fondée par Philippe le Bel en 1309. Elle y avait aussi soigné des malades de la peste, ce qui avait eu l’effet de la contaminer et de la tuer. Pendant la Révolution française, la sépulture de Jeanne de Bourgogne est profanée, comme celle de nombreux rois enterrés dans la nécropole de la basilique Saint-Denis.