Char du futur : Paris et Berlin enclenchent la phase de développement d’un démonstrateur

Char du futur : Paris et Berlin enclenchent la phase de développement d’un démonstrateur

Les ministres allemand et français de la Défense ont signé vendredi à Paris un accord sur le projet commun de char du futur, le MGCS, fixant la répartition des tâches entre industriels français et allemand, permettant d’enclencher la phase de développement d’un démonstrateur.

Boris Pistorius et Sébastien Lecornu ont mis en scène la reprise en main par les Etats de ce programme emblématique de la coopération de défense entre les deux pays, encalminé depuis son lancement en 2017 par les rivalités industrielles et les difficultés des deux pays à s’accorder sur leurs besoins militaires.

Ils ont ainsi paraphé devant les caméras un protocole d’accord gravant dans le marbre la répartition de la charge de travail à 50-50 entre industriels des deux pays.

«Ã‚ Au début du projet il y avait une vision. Entre la vision et la réalisation évidemment, il y a eu beaucoup de temps et d’effort mais la signature aujourd’hui est vraiment un jalon », s’est félicité Boris Pistorius.

Financé à parts égales par Paris et Berlin et mené sous direction allemande, ce programme était à l’origine conduit par KNDS, une entité créée pour l’occasion entre le français Nexter – constructeur du char Leclerc –, et l’allemand KMW – qui fabrique le Leopard 2. L’irruption en 2019 du fabricant allemand Rheinmetall a déstabilisé l’édifice et les répartitions envisagées entre industriels.

Pour dépasser le blocage, « il a fallu repartir des besoins opérationnels des deux armées de Terre », qui ont été entérinés en septembre dernier, a expliqué Sébastien Lecornu.

L’accord signé vendredi désigne un industriel responsable pour chacun des huit piliers à développer : plateformes, tourelle et canon, feux innovants (missiles, armes à effet dirigé), communications et « cloud » de combat, simulation, protection, infrastructures.

La responsabilité de certains piliers sera partagée entre industriels, notamment pour la tourelle et le canon.

Les deux ministres n’ont pas détaillé la répartition.

Commence maintenant une phase de négociations avec les industriels pour développer le démonstrateur du MGCS, sorte de pré-prototype.

«Ã‚ L’objectif est d’avoir les contrats à la fin de l’année, c’est très ambitieux, » selon Boris Pistorius.

Plus qu’un char traditionnel, le MGCS est un « système de systèmes » : un char proprement dit accompagné d’autres véhicules, habités ou non, comprenant d’importantes ruptures technologiques (IA, drones pour protéger le char, lasers…)

Pour Sébastien Lecornu, « ce n’est pas le char du futur mais le futur du char (…) on est les premières nations à s’occuper de cette ère 2040 en matière de cavalerie et de blindés ».