Le procès de Rabah Souchi, le commissaire ayant ordonné la charge policière dans laquelle Geneviève Legay avait été blessée, s’ouvre ce jeudi 11 janvier à Lyon. La militante d’Attac, qui participait à une manifestation de gilets jaunes en mars 2019, avait eu plusieurs côtes cassées et des fractures au crâne.
Action délibérément “brutale” ou usage légitime de la force? Le tribunal correctionnel de Lyon se penche jeudi 11 janvier sur la responsabilité d’un commissaire divisionnaire dans les blessures subies par une septuagénaire, Geneviève Legay, lors d’une manifestation de “gilets jaunes” à Nice le 22 mars 2019.
Procédure rare, Rabah Souchi, 54 ans, va être jugé pour “complicité de violence par une personne dépositaire de l’autorité publique”. Chef opérationnel du dispositif sécuritaire déployé pour cette manifestation interdite, il est accusé d’avoir donné des ordres “inadaptés” conduisant les policiers à charger et à faire chuter la militante d’Attac.
Geneviève Legay veut faire “jurisprudence pour toutes les victimes”
La militante Geneviève Legay lors d’une conférence de presse, le 29 avril 2020 à l’hôpital Cimiez, à Nice, plus d’un mois après avoir chuté lors d’une manifestation des “gilets jaunes”
“Je subis” ce procès comme une nouvelle épreuve, a déclaré Geneviève Legay à quelques jours de l’audience, en expliquant à l’AFP avoir toujours “fait en sorte de ne pas avoir affaire à la police et à la justice”.
Celle qui conserve des séquelles de ses fractures et lésions ne compte pas se dérober pour autant et sera jeudi 11 janvier à Lyon. “J’espère que si je gagne, cela fera jurisprudence pour toutes les victimes des quartiers populaires qui n’arrivent pas à avoir un procès. Ou quand elles en ont un, qui ne gagnent jamais”, dit-elle.
De son côté, le commissaire Souchi estime avoir donné “des ordres légitimes dans un cadre légitime”, en déclenchant après sommations la charge d’une colonne d’une quinzaine de policiers, à l’origine des blessures de la porte-parole départementale d’Attac, alors âgée de 73 ans.
Resté à son poste jusque fin 2023, il espère aujourd’hui rejoindre la police municipale de Nice. Sa candidature pour un poste de directeur adjoint a été retenue en septembre mais la mairie a précisé attendre une validation du ministère de l’Intérieur.
“Sagesse”
Les images de la manifestante aux cheveux gris, debout, drapeau arc-en-ciel à la main, puis inanimée au sol, entourée de policiers, avaient suscité des remous, nourris par le procureur de la République de Nice qui avait démenti le jour-même tout contact entre la victime et les forces de l’ordre.
Une version endossée par le président Emmanuel Macron dans un entretien avec Nice-Matin: “Quand on est fragile, qu’on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits”, avait-il commenté en souhaitant à la militante un “prompt rétablissement, et peut-être une forme de sagesse”.
Quatre ans de procédure dépaysée à Lyon ont permis de reconstituer le déroulement des faits minute par minute.
Les enquêteurs ont conclu que Mme Legay avait été renversée pendant la charge d’une colonne de la compagnie départementale d’intervention, poussée par le major de cette unité, lui-même appelé à l’audience de Lyon sous le statut de témoin assisté.
Dans leurs conclusions, les juges d’instruction ont estimé que seul le commissaire portait une responsabilité pénale dans cette charge “illégale”, “ni nécessaire, ni proportionnée au regard du but à atteindre: disperser une foule calme composée de manifestants pour certains âgés, de journalistes et de simples badauds”.
Court-circuit
Un rapport de l’inspection générale de la police nationale (IGPN) impute au commissaire des “ordres inadaptés à la situation”: selon plusieurs témoignages, il a exigé une charge policière, alors que les manifestants ne présentaient pas de danger.
Plusieurs gendarmes associés au dispositif ont même refusé d’obéir à ses directives. Des “consignes à l’emporte-pièce” dans le “non-respect de la proportionnalité”, dit le compte-rendu de la gendarmerie rédigé le jour des faits.
Des policiers entendus par l’IGPN ont eux aussi pointé des dysfonctionnements: en ordonnant lui-même la charge au mégaphone, le commissaire aurait à la fois surinterprété “l’ordre de dispersion” donné par le préfet et court-circuité les chefs d’unité.
Le commissaire savait la différence entre une action de dispersion et une action “brutale et violente”, selon les conclusions des juges. Pour eux, il a donné “un ordre d’exercer des violences contre les manifestants”.
Décidé à faire du bruit autour de cette affaire, Attac organise jeudi en marge de l’audience plusieurs tables rondes pour “dénoncer et documenter la hausse de la brutalité dans le maintien de l’ordre en France”.
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