Atteinte de leucémie, elle a été sauvée par un microbiote fécal
Marie-Hélène est assise près de la fenêtre, les yeux rivés sur la forêt de Meudon. « À force de me l’entendre dire, j’ai fini par y croire. Je suis une miraculée. » En mars 2022, à 68 ans, cette ancienne graphiste apprend qu’elle est atteinte d’une leucémie aiguë. D’après les médecins, si rien n’est fait, il ne lui reste que deux ou trois mois à vivre. « J’ai tout de suite rédigé mes directives anticipées, trié mes papiers, mes photos. J’ai vu toute ma vie défiler, mais je voulais partir l’esprit tranquille et que mes trois enfants n’aient rien à faire », confie-t-elle les larmes aux yeux.
Elle est admise dans le service d’hématologie du professeur Mohamad Mohty et son adjoint le professeur Florent Malard à l’hôpital Saint-Antoine de Paris. Le protocole consiste à lui administrer une chimiothérapie intense pour détruire les cellules cancéreuses. Certaines vont résister au traitement.
La dernière carte à jouer
Pour éviter une récidive, la chimio est suivie d’une greffe de moelle osseuse prélevée sur Laurent, son fils. Ce qui revient à lui implanter un tout nouveau système immunitaire. « Je lui ai donné la vie, il me l’a rendue », estime-t-elle. Ces nouvelles défenses ont pour mission de détruire les cellules leucémiques résiduelles, sans s’attaquer aux cellules saines. Malheureusement, dans 50 % des cas, la machine s’emballe et attaque les organes, c’est qu’on appelle la maladie du greffon contre l’hôte (GVH). « Dans 10 à 20 % des cas, elle est très sévère », reconnaît Florent Malard.
C’est ce qui arrive à Marie-Hélène. Les médecins ont alors deux lignes de traitement. D’abord les corticostéroïdes. Si la GVH résiste, la moitié des patients décèdent dans l’année. Pour les survivants, il reste une dernière chance : le ruxolitinib, un traitement autorisé depuis 2022. Là encore, si la maladie perdure, plus de 70 % des patients meurent à un an.
La mortalité passe de 70 à 50 %. Cela peut sembler modeste, mais pour nous c’est 20 % de patients supplémentaires en vie.
Pour Marie-Hélène, rien ne fonctionne. Son état empire. Son ex-mari, dont elle est restée proche, 27 ans après leur divorce, lui avouera plus tard qu’elle avait l’air plus morte que vivante. Des amis, pour la « sauver », lui conseillent des pseudo-thérapies, par exemple le magnétisme ou la « médecine quantique », très prisés des charlatans. « Je préférais suivre scrupuleusement les instructions du professeur Malard. J’obéissais, pour une fois dans ma vie », se souvient-elle.
Le médecin estime alors qu’il reste une dernière carte à jouer : un transfert de microbiote fécal réalisé dans le cadre d’un essai clinique avec l’entreprise lyonnaise MaaT Pharma. « Nous avons pu observer que la mortalité passe de 70 à 50 %. Cela peut sembler modeste, mais pour nous, c’est 20 % de patients supplémentaires en vie », souligne l’hématologue.
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En regardant les chiffres dans le détail, il s’avère que parmi les patients réagissant positivement à ce transfert de microbiote, la survie gagnée n’est plus de 20 %, mais de 80 %. La chance sourit enfin à Marie-Hélène. Après dix mois d’hôpital, elle peut enfin rentrer chez elle. Voilà plus d’un an qu’elle profite du « miracle ». Tous les jours, elle marche en forêt et s’est même lancée dans des cours d’enluminures et d’art du vitrail. Le combat n’est pas encore gagné. « Mais pas question de rester chez moi, seule avec ma maladie. »
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