Paris: un élu propose un "Airbnb de la solidarité" pour accueillir des personnes sans-abri chez soi

Le conseiller d’opposition au conseil de Paris Pierre-Yves Bournazel a proposé la création d’une plateforme qui permettrait à des Parisiens volontaires d’accueillir pour la nuit des personnes sans-abri. L’initiative existe déjà, à plus petite échelle, grâce à l’association Utopia 56.

Faire profiter de son logement aux personnes sans-abri. En 2023, dans la capitale, 3.000 personnes ont dormi dehors chaque jour sans solution d’hébergement, selon la mairie de Paris.

Alors, en janvier dernier, Pierre-Yves Bournazel, conseiller d’opposition au conseil de Paris a proposé la création d’un “Airbnb de la solidarité”: une plateforme qui permettrait à des Parisiens volontaires d’accueillir pour la nuit des sans-abri. “Airbnb ça ne doit pas être uniquement pour les touristes. Ca doit être d’abord en priorité pour les personnes qui sont en grande détresse”, juge l’élu.

Un immeuble de l’avenue George V (image d’illustration)

Il souhaite mettre en place, “une plateforme de logement solidaire”, gérée avec l’Etat et la ville, sur la base du volontariat, “pour permettre à ces personnes d’être à l’abri pour une nuit, pour une semaine, pour un mois”.

“Il y aurait une indemnité compensatrice défiscalisée, comme c’est le cas pour les hôtels”.

Une initiative similaire proposée par Utopia 56

Une initiative similaire est proposée par l’association Utopia 56, à plus petite échelle. Il n’y a pas de plateforme internet, les familles et les femmes seules se retrouvent donc tous les soirs, devant la mairie de Paris.

“Les personnes viennent car elles sont en situation de rue. Au travers de notre réseau d’hébergement solidaire, on essaye de leur trouver des hébergements d’urgence chez le citoyen”, indique Nikolaï Posner, porte-parole d’Utopia 56, à BFMTV.com.

Pour Nikolaï Posner, si une plateforme venait à être créée, “il est indispensable qu’il y ait derrière un humain, qui prenne en considération la personne”.

Le bénévole juge qu’aujourd’hui, “on est beaucoup derrière son téléphone, on manque de relationnel, alors que les personnes qui sont en situation de rue, avant tout, le problème, c’est l’indifférence”.

Ce soir-là, tous les sans-abris que se sont présentés ont trouvé un toit pour la nuit. Mais ce n’est pas toujours le cas. “Aujourd’hui, malheureusement, on n’a pas un réseau d’hébergement solidaire qui nous offre la capacité de répondre à l’ensemble des besoins”, regrette le porte-parole d’Utopia 56.

Libre de proposer son logement ou non

Deux fois par semaine, Julie accueille pour la nuit des personnes sans-abri dans son appartement du 20e arrondissement. La bénévole accueille un couple et leur bébé. “Quand mes enfants ne sont pas là, cette chambre est disponible”, explique-t-elle à BFMTV.com.

“Ça fait du sens pour moi qu’il y ait de la vie dans cette chambre. Je me dis que j’ai de la place pour accueillir”, confie-t-elle.

Elle a donné au préalable à l’association ses disponibilités, le mercredi et le jeudi. “Je reçois un texto, sur le coup de 18 heures. On me dit ‘est-ce que vous êtes disponible ce soir?’ et après je suis libre de dire oui ou non”, poursuit l’hébergeuse solidaire.

Il n’y a pas le repas à gérer, simplement l’accueil des personnes sans-abris. “Ce n’est pas non plus contraignant. Il y a quelque chose d’assez pudique. On se raconte pas trop les choses, on discute parfois mais ce n’est pas… C’est engageant mais pas trop”, conclut Julie.