Efficacité, dosage : comment fonctionne la protection des crèmes solaires ?

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Dans plus de 85 % des cas, les cancers de la peau sont imputables à une exposition excessive aux ultraviolets (UV) naturels ou artificiels. Chaque année, 140 000 carcinomes et 14 000 mélanomes ? ces derniers très dangereux ? sont diagnostiqués et traités chirurgicalement par les dermatologues en France, mais ils pourraient être limités grâce à une exposition raisonnée au soleil.

Dans son numéro du mois de mai, le magazine de l’UFC-Que choisir a comparé treize crèmes solaires visage étiquetées SPF 50 ou 50+. D’après les résultats, un tiers des produits n’assurent pas le niveau de protection affiché. « Alors que les indices 50 et 50+ sont censés apporter les plus hauts niveaux de protection aux rayons ultraviolets, nos tests montrent que sur les 13 crèmes testées, 5 ne respectent pas les niveaux attendus de protection solaire. Quatre d’entre elles n’atteignent qu’une protection correspondant à un indice 30 », pointe l’UFC dans ses conclusions.

Des tests éloignés de la réalité

«Ã‚ Cette enquête est biaisée et les dermatologues sont énervés par de nombreux points », étrille le Dr Catherine Oliveres Ghouti, dermatologue et trésorière du Syndicat national des dermatologues-vénérologues. « Dans son comparatif, l’UFC ne classe pas de la même manière plusieurs produits élaborés par le même laboratoire alors que ce sont les mêmes filtres utilisés dans toutes les gammes. Il s’agit juste de nom de marque différent par exemple Vichy et La Roche Posay fabriqués par l’Oréal. »

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Concernant le manque d’efficacité dénoncé par l’association de consommateurs, le Dr Oliveres Ghouti rappelle que les tests de toxicité et de galénique sur crèmes solaires sont toujours réalisés in vitro avec des données théoriques. Pour déterminer l’indice de protection, des tests sont menés in vivo afin de déterminer le temps que la peau met pour rougir (DEM) face aux UVB du rayonnement solaire.

Pour cela, une dose de crème solaire de 2 mg par cm² de peau est appliquée sur une partie de leur dos. Les participants sont ensuite soumis à des doses d’UVB variables puis les chercheurs observent la durée écoulée avant l’apparition de réactions cutanées liées au soleil.

Grâce à cela, on obtient alors la dose érythémateuse minimale (DEM) qui correspond à la dose la plus faible d’UVB provoquant l’apparition d’une rougeur. Il est ensuite possible de définir l’indice de protection qui désigne le rapport entre la DEM sur la peau protégée par un produit solaire à tester et la DEM sur la peau sans protection.

Anticiper l’application

«Ã‚ Généralement, dans une famille de deux adultes et de deux enfants, on utilise un grand tube de crème solaire pour une semaine de vacances. En respectant les doses appliquées pendant les tests, il faudrait donc étaler l’équivalent d’une balle de golf toutes les deux heures à chaque personne de la famille. Ce qui ferait donc un tube par jour, par personne. Bien loin de la réalité », constate la dermatologue. L’indice indiqué sur la crème solaire est donc biaisé, car il est réel dans le cadre d’une application correspondant aux normes du laboratoire. L’indice réel semble trois fois inférieur, au moins, à l’indice inscrit sur le tube.

Aujourd’hui, plusieurs laboratoires proposent des crèmes différentes pour le visage et pour le corps. « Une crème spécifique ? comme une émulsion légère ? pour le visage peut être utile pour les personnes avec une peau grasse ou les adolescents qui souffrent d’acné. Il est aussi pertinent d’utiliser un produit adapté au sport et résistant à la transpiration », conseille la spécialiste.

Concernant la crème solaire, il est indispensable d’anticiper son application. Pour être efficace, elle doit être absorbée par la couche superficielle de l’épiderme. Pour cela, il est conseillé de la mettre vingt minutes avant l’exposition au soleil, donc de préférence à la maison avant de partir pour la plage.

Comment choisir sa crème ?

Aujourd’hui, vous trouverez des produits solaires en vente dans les grandes surfaces, les parfumeries et les pharmacies et parapharmacies. « Il y a des produits de bonne qualité dans les différents points de vente. Pas besoin de dépenser une fortune pour être bien protégé. Peu importe d’où vient la crème du moment qu’il s’agit d’un produit de bonne qualité. L’important est d’éviter les crèmes avec des huiles essentielles et des fragrances qui peuvent causer des taches sur la peau », détaille la dermatologue.

Autre option, il est possible d’analyser la composition de sa crème sur les sites mentionnant la composition DCI ou de vérifier sur le carton d’emballage car tous les composants sont obligatoirement inscrits. « Attention aux crèmes bio, ce n’est pas parce qu’elles sont vendues dans des enseignes spéciales qu’elles sont forcément bonnes pour la santé. La nature regorge de produits dangereux. Même dans le choix des crèmes solaires, il faut combattre les idées reçues et choisir si on décide de faire confiance à Google ou à son médecin. Méfiez-vous des réseaux sociaux et de la mise en avant de certains produits par les influenceurs payés par les marques », insiste le Dr Catherine Oliveres Ghouti.

«Ã‚ Pour se protéger efficacement contre le soleil, la meilleure des solutions reste de ne pas s’exposer de manière irréfléchie. Ainsi, il est recommandé de ne pas se mettre au soleil aux heures les plus chaudes de la journée, entre 11 h 30 et 16 heures, et de ne pas oublier que si l’on est sous les tropiques ou en montagne, le soleil est plus fort. Et de toujours se mettre au soleil avec un chapeau et des vêtements protecteurs. La crème solaire à midi ne sert à rien, il faut se mettre à l’abri du soleil », martèle la dermatologue. Avant de conclure : « Les enfants doivent être éduqués car, pour eux, le bronzage n’est pas un critère de réussite sociale. Mettre un chapeau et un tee-shirt anti-UV doit être une habitude à ancrer très tôt. »