« Nounous » et confidents, des grands-parents à temps (trop) plein ?

« nounous » et confidents, des grands-parents à temps (trop) plein ?

«Ã‚ Nounous » et confidents, des grands-parents à temps (trop) plein ?

Presque tous les samedis, Sabine accueille sa petite-fille de trois ans et demi et son petit-fils de dix mois. « Ma fille est débordée par son travail. Donc, le week-end, elle aime bien nous confier ses enfants », raconte-t-elle. Les activités s’enchaînent : du « poney » le samedi matin, des « balades à la campagne », des jeux de société. « Même la télé, parfois, alors qu’elle n’a pas le droit chez ses parents? C’est un peu la fête quand elle vient à la maison ! », sourit celle qui se définit comme la « mamie copine ».

À 53 ans, la jeune grand-mère a pris l’habitude de garder les deux marmots en fin de semaine, et pendant les vacances. « La petite trépigne d’impatience, et arrive parfois dès le vendredi », lance-t-elle. Mais, avec l’arrivée du second, « plus capricieux », c’est « parfois compliqué ». Bien que « très heureuse de recevoir [ses] petits-enfants », Sabine confie aussi, à demi-mot, sa « fatigue ».

«Ã‚ Ma fille ne comprend pas quand je refuse de les prendre. Mais, moi aussi, je travaille tous les jours : je me lève à 5 heures le lundi et je travaille parfois le samedi. Quand j’ai les petits à la maison, souvent, je n’ai pas le temps de faire autre chose. »

Une grand-parentalité devenue « intensive »

Comme elle, d’autres grands-parents racontent garder leurs petits-enfants au moins une fois par semaine. D’après une étude du ministère de la Santé datant de 2016, les deux tiers des enfants de moins de 6 ans sont ainsi occasionnellement confiés à leurs grands-parents. Au total, ces derniers effectueraient 16,9 millions d’heures de garde par semaine. Un investissement croissant des aînés que les sociologues britanniques Vicki Harman, Michelle Webster et Benedetta Capeline ont nommé la « grand-parentalité intensive », car ces doyens jouent désormais un rôle fondamental dans la famille et se rendent très disponibles pour prendre le relais des parents.

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Marie, 62 ans, aide souvent sa fille et son gendre, qui habitent « tout près » de chez elle. « Pas tout le temps, pas toutes les semaines, mais c’est quand même très régulier », précise cette Normande. Un soutien nécessaire quand les parents ne peuvent pas se libérer à temps.

Je n’aurais pas voulu être ?la nounou? de mes petits-enfants.

«Ã‚ Parfois, il faut récupérer les enfants à l’école ou chez la nourrice, détaille-t-elle. Le grand a six ans et fait du sport le mercredi, donc il dort parfois le mardi soir à la maison. » Si la grand-mère se montre « très présente », la garde reste toujours un plaisir puisqu’elle n’est « pas quotidienne ».

«Ã‚ Je n’aurais pas voulu être “la nounou” de mes petits-enfants, explique-t-elle, car le contact aurait été différent. Peut-être que j’aurais été davantage dans l’éducation, alors qu’aujourd’hui les recevoir fait partie de mes loisirs. » À force de les retrouver, des liens très forts se tissent entre Marie et ses petits-enfants, et font d’elle leur « confidente ». Elle souffle : « Parfois, ils me livrent des secrets et, en fonction, je les transmets ou non à leurs parents. »

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Les grands-parents pris en tenaille sur la vision de l’éducation

C’est aussi une des facettes de la grand-parentalité : être le médiateur entre les parents et les enfants, tout en maintenant la bonne distance. Car les grands-parents sont parfois pris en tenaille entre leur vision de l’éducation et celle de leurs enfants. Une attitude que les sociologues néo-zélandaises Marie Breheny, Christine Stephens et Lorraine Spilsbury nomment une « implication sans interférence ». Pour elles, l’enjeu serait de parvenir à « équilibrer ces relations », quitte à « limiter sa capacité à intervenir dans les difficultés familiales » au nom du « droit des parents à élever leurs enfants conformément à leurs propres valeurs ».

Un principe auquel Sylvie et Philippe, 62 ans, tiennent beaucoup. « Nous ne nous immisçons pas dans l’éducation de nos petits-enfants, explique la grand-mère. Chaque parent éduque son enfant de manière différente et c’est à nous de respecter, autant que nous pouvons, ce mode d’éducation. C’est à nous de nous adapter? même si ce n’est pas forcément ce que nous aurions fait. » Mais le couple l’admet : chez eux, les règles qui existent sont « peut-être différentes de celles des enfants ».

Les petits savent que nous, les grands-parents, nous allons craquer !

La garde par les grands-parents permet aussi d’accorder davantage d’attention aux plus petits qu’un quotidien « parents-enfants » ne permet pas toujours. C’est le cas des deux sexagénaires qui adorent « choyer [leurs] sept petits-enfants », âgés d’un an et demi à sept ans. « Quand nous les recevons, nous avons nos petites habitudes à la maison : les histoires du soir pour les coucher, le petit lait au chocolat en poudre, les guilis sous les pieds », liste Philippe. Et Sylvie de renchérir : « Les petits savent que, nous, nous allons craquer ! »

La figure du grand-parent toujours valorisée

Cette relation entre grands-parents et petits-enfants permet de redéfinir le rôle des plus âgés dans la société, selon les sociologues Martine Segalen et Claudine Attias-Donfut. En effet, si la vieillesse est assimilée au « déclin » et à la « relégation », la figure du grand-parent est, quant à elle, « valorisée », encore plus si ce dernier s’implique fortement. Par sa présence, il peut ainsi « renforcer les parents dans leurs fonctions éducatives », dans un « contexte marqué par une plus grande instabilité sur le marché du travail et dans la vie conjugale ».

Alain, 86 ans, l’envisage peut-être ainsi. « Quand je peux aider mes enfants et voir mes petits-enfants, c’est enrichissant. Cela me donne l’impression d’être utile, de servir encore à quelque chose », avoue-t-il. Grand-père « parfois rude mais câlin », il a surveillé ses trois petits-enfants chaque semaine « depuis les années 2000 ». « J’adorais m’occuper d’eux et leur lire des histoires, tient-il à répéter. Peut-être que je compensais aussi le fait d’avoir été moins souvent là pour mon fils quand il était petit. Avec mes petits-enfants, j’ai retrouvé indirectement ce plaisir paternel. »

Après le décès de sa compagne l’année dernière, l’octogénaire continue à voir « tous les mercredis » sa petite-fille de 22 ans et ses deux petits-fils de 18 et 13 ans. « Ce sont eux qui ont souhaité continuer à me voir, et c’est toujours un grand bonheur, note-t-il avec douceur. Mais ils sont bien grands maintenant. Je crois que ce sont plutôt eux qui me gardent désormais ! »

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