Quand Robert Badinter aidait François Mitterrand à affronter Valéry Giscard d’Estaing
Le 5 mai 1981, dans la matinée. Branle-bas de combat du côté socialiste où l’on prépare dans la fièvre le débat télévisuel de l’entre-deux-tours de la présidentielle. Celui de 1974 a été un fiasco, Mitterrand redoute un nouvel échec face aux « yeux noirs » de la caméra qu’il exècre. Il fait venir Badinter pour dialoguer avec le réalisateur Serge Moati, qui le conseille. Selon une confidence de Mitterrand lui-même, celui-ci avait deux proches amis avocats, Badinter pour le droit, Dumas pour le tordu.
«Ã‚ Il fallait imposer des règles au clan d’en face afin que Mitterrand soit àson aise, se souvient Serge Moati. Par exemple, réduire la distance entre les deux candidats à1,70 m pour pouvoir faire des gros plans sur lui et montrer qu’il savait écouter. Je voulais aussi éviter les plans de coupe. » Badinter interroge d’abord Moati, qui est l’homme de terrain, du métier, « le technicien malin ». « ?Raconte-moi ce que tu ressens, comment tu vois les choses?, me demande-t-il. Je lui explique, très impressionné, Badinter était intimidant, grave. Il m’écoute attentivement, puis traduit en langage d’avocat les règles qui vont être transmises au camp d’en face et qui vont toutes être acceptées. Évidemment, les règles, c’était son terrain. Le débat s’est joué là, les deux candidats avaient des chances égales. »
Joie contenue de François Mitterrand
À la fin de la matinée, le clan Giscard, dirigé par Jean-Philippe Lecat, dit donc oui au cahier des charges rédigé en beau langage par Badinter. « J’étais fou de joie, poursuit Serge Moati. On va déjeuner avec Badinter et Mitterrand, à qui on annonce la bonne nouvelle. ?Ah bon, ah bon?, fait-il assez froidement. Badinter est très content, mais à la manière d’un ashkénaze, il esquisse un léger sourire, tandis que moi, le séfarade, je suis exubérant. »
À LIRE AUSSI Robert Badinter, ancien garde des Sceaux, est mortAvec Serge Moati, Jacques Attali et Régis Debray, Robert Badinter a revu le débat de 1974 où François Mitterrand a été exécrable. Ils évoquent certains points à aborder. Sept ans auparavant, le candidat socialiste avait fait une trop longue sieste avant d’affronter le jeune Giscard d’Estaing. Cette fois-ci, Robert Badinter lui conseille une promenade, que le futur président fera sur les quais de Seine avec Jacques Attali. Mais ces sages mises en garde ne seront pas immédiatement récompensées.
Mis en attente par le nouveau président
Le lendemain de l’élection, lors d’une autre promenade sur les bords de Seine, Mitterrand demande à Badinter s’il veut entrer au gouvernement. Réponse affirmative de l’intéressé qui lorgne le seul poste pour lequel il s’estime des compétences : la Justice. Mais le nouveau président, tout à ses calculs politiques, à ses jeux d’équilibres et de forces, a déjà un candidat, Maurice Faure, représentant des radicaux.
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Le signataire pour la France en 1957 du traité de Rome souhaitait les Affaires étrangères, mais elles sont promises à Claude Cheysson, il aura donc la Justice. Mais Badinter refuse tout autre poste. Il a raison. Il n’aura guère à attendre puisque, un mois plus tard, Faure, refroidi par la somme de travail, démissionnera après les législatives. Un splendide « miscasting » qu’on a oublié.
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