Des archéologues publient un ouvrage évoquant les questions qui persistent autour de l’épave d’un bateau coulé il y a trois cents ans entre Saint-Malo et Dinard
Plongée – Des archéologues publient un ouvrage évoquant les questions qui persistent autour de l’épave d’un bateau coulé il y a trois cents ans entre Saint-Malo et Dinard
Elle porte un nom qui nourrit les fantasmes. « ZI 24 » pour « zone interdite 24 ». Un site nucléaire sensible ? Pas du tout. Un terrain militaire secret-défense ? Toujours pas. Un terrain pour accueillir les aliens ? Euh, non, vraiment pas. La fameuse ZI 24 est une zone située tout près de l’usine marémotrice de la Rance, entre Dinard et Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Ici, la navigation est interdite, tout comme la plongée, en raison du danger que représentent les puissantes turbines produisant 7 % de l’électricité consommée en Bretagne. Il arrive pourtant que certains s’aventurent dans la zone, mais dans un cadre réglementaire très strict : « quarante à cinquante minutes de plongée par jour, pas plus. »
« On n’a pas toutes les réponses sur cette épave »
Yann Gaonac’h est membre de l’Adramar, association pour le développement de la recherche en archéologie maritime. Depuis des années, lui et les membres de l’asso s’activent autour de cette fameuse zone interdite. Leur objectif ? Percer le mystère d’une épave coulée là depuis des siècles et qui n’a jamais pu être identifiée. Ils viennent de publier un ouvrage (en précommande via ce lien) expliquant pourquoi ils continuent de plonger dans ce secteur et pourquoi ils le feront encore dans les années à venir. « La zone n’est pas simple mais on s’entête. Parce qu’on n’a pas toutes les réponses sur cette épave, alors qu’elle a un véritable intérêt historique. Elle est bien conservée et elle fait sans doute partie des plus anciennes de la baie de Saint-Malo », détaille Yann Gaonac’h.
Des photos montrant l’exploration sous-marine de l’épave ZI 24 sont publiées dans un ouvrage pédagogique réalisé à destination des enfants, fascinés par ce mystère. – Adramar
Après des campagnes d’exploration menées en 2021 et 2022, l’Adramar a pu déterminer que le mystérieux navire avait été conçu avec du bois ayant été coupé en 1663 et 1665. Malgré cette découverte, les archéologues n’ont toujours pas trouvé le nom de cette épave. « On pensait vraiment qu’il s’agissait du César mais il a été construit en 1681. Ça nous paraît très éloigné de la date de coupe du bois. A l’époque, on ne conservait pas le bois aussi longtemps que ça », relève Yann Gaonac’h.
Une histoire qui fascine les enfants
L’archéologue s’emploie depuis plusieurs années à raconter cette histoire aux enfants des écoles du secteur. Voyant leur intérêt pour le sujet, son association a décidé d’en faire un livre très pédagogique montrant toutes les facettes de ses explorations. « Ils nous questionnent toujours sur un éventuel trésor à bord ou sur les armes. On sent une vraie curiosité. »
Les enfants ne sont pas les seuls. Dans les rangs des historiens et des amateurs de patrimoine, on s’interroge aussi sur ce curieux bateau. Car au-delà de sa simple identité, c’est aussi l’usage du navire qui questionne les spécialistes bretons.
Dotée d’une solide structure plutôt rare à cette époque, l’embarcation de bois supportait également 11 canons. Un système de dissuasion pour se protéger des Anglais ? « On ne sait pas s’il s’agissait d’un transport d’artillerie, d’un moyen de défense ou d’une simple utilisation comme rebuts pour lester le navire. On cherche encore des indices », expliquait récemment à 20 Minutes la spécialiste Anne Hoyau-Berry lors d’une précédente campagne.
De nouvelles plongées sont déjà annoncées pour l’année 2025. Avec l’espoir de mettre, enfin, un nom sur cette mystérieuse épave.
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